Thomas
Belhom - Remedios
Ici
d'ailleurs/chronowax
- 2003
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Homme au passé musical déjà très
riche, malgré seulement un albums studio sous son nom, Thomas
Belhom continue d’explorer les tréfonds de la
musique « sans étiquette » et sort en 2004 Remedios,
un second album aux résonances clair-obscures fait de
douleur mais aussi de passion.
Sorti de sa fructueuse collaboration
avec Naïm Amor au sein du groupe Amor Belhom
duo, Thomas Belhom repart en solo pour la
deuxième fois après un premier album Mobile Home signé
sur le label La Grange à Disques et paru en
2000.
A la fois mystérieux et plein de
sensibilité, Remedios est un disque avec lequel
on se rend vite compte que l’en aura jamais terminé.
Complexe, intense, et il faut bien le dire, foisonnant
d’idées, Remedios est un album d’ambiances
éparses auxquelles il est difficile de coller une
simple image tant il évoque à l’esprit bien des représentations.
Inclassable et totalement libre, hybride et plutôt
intimiste, la musique de Thomas Belhom, est bien
à l’image du bonhomme : affranchie du
train-train quotidien et portée vers le voyage et les
grands espaces d’où on revient toujours.
Avec des percussions bien en avant, Thomas
Belhom affiche une palette d’instruments divers
dont il serait ici trop long de nommer tant ils sont
nombreux et surprenants. Mais tous jouent un rôle
important dans la musique et donnent au final à
celle-ci une couleur chaude et cuivrée qui réchauffe
le cœur. Des intrigants who's big ou twice
'round the harbor aux mélancoliques, mais
magnifiques, Méthilde et Metastase en
passant par le bluesy Kingdom les musiques de Thomas
Belhom ne se ressemblent pas mais pourtant sont
toutes sœurs. Elles dégagent toutes des émotions
particulières liées à l’atmosphère brumeuse qui se
dégage de cet album.
Entouré de musiciens hors pairs et aussi attachants que Red
et David Grubbs, Thomas Belhom réussit, au
final, une petite alchimie musicale pas piquée
des vers qui fleure bon l’alcool de cactus et le sable
dans les chaussures.
Sans concession, en marge de toute mode
musicale, et attaché à un univers singulier et
captivant, Remedios, sans être toutefois un
disque de musique expérimentale, n’en est pas moins
le reflet d’une personnalité bien marquée et d’un
projet singulier auquel, espérons-le, beaucoup de gens,
s’attacheront. Car à l’heure ou le recyclage
musical fonctionne à plein régime, où le passé, de
plus en plus proche, se retrouve remis, sans cesse, au
goût du jour dans les musiques actuelles, Thomas
belhom peut, sans complexe, faire figure de Robinson
Crusoé tant sa musique semble à des kilomètres de
ces « revival » un peu fatigants.
Quant à nous, on lui demandera juste qu’il nous
fasse un petit peu de place dans un coin de son île...
et rien de plus.
Benoît
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