Luna
- Rendez-vous1/2
Jet
Set records/ Discograph
- 2004
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Les plus fidèles lecteurs de la presse spécialisée le
savent sans doute déjà : Rendez-vous paru
à l’automne 2004 sera le 10ème et dernier album de Luna.
Ainsi l’a annoncé Dean Wareham, frontman
et porte parole du groupe. Une mauvaise nouvelle pour
les fans qui auraient découvert Wareham depuis
sa participation remarquée à la BO du Clean
d’Olivier Assayas. Luna boucle sa révolution
autour de la planète musicale, à la fin d’un voyage
satellitaire commencé en 1991 par quelques démos en
marge du groupe Galaxie 500 dont Dean
tient également les rennes. 13 ans de maturité plus
tard ; fort des présences consécutives de Jimy
Chambers en marge de Mercury Rev, et de
l’arrivée remarquée de la bassiste Britta
Phillips –avec qui Wareham a cosigné un très
romantique album en 2002-
Luna s’est constitué un nom, un style,
et un noyau de fans convaincus. Il est temps
pensent-ils, de passer à autre chose.
L’ultime opus de Luna ne ressemble pourtant guère
à un quelconque hallali et doit peu au manque
d’inspiration. Ceux qui ont appris à aimer et
respecter Luna pour ses prestations scéniques
stupéfiantes, pour ses atmosphères mélodieuses un
brin classieuses et foncièrement New Yorkaises, pour
ses paroles pleines d’esprit et d’intellectualisme
sans maniérisme ou pour les guitares admirables de
calme et de langueur, auront pris rendez-vous en
terrain connu. Le martèlement métronomique du batteur
rappelle le tempo des précédents opus et nourrit
l’album d’influences rock. Pas de solo de baguette,
juste du rythme. Seuls les coups de gueule électriques
entre Wareham et le guitariste Sean Eden
semblent ici assagies (sauf peut-être dans Star
spangled man où on retrouve le Luna des précédents
opus, avec même une dose de mélodie imparable en
bonus). Les amoureux de la slide guitar sans outrance, péchée
dans les racines du folk américain seront ravis, autant
que les oiseaux de passage.
On
songe à quelque conversation animée mais polie dans
l’appartement d’un pote outre-Atlantique, où on
fumerait des cigarettes à la lueur de l’abat jour, en
sirotant un verre de rouge en provenance du vieux
continent … Et c’est exactement ce que nous annonçait
la couverture du disque. Ca tombe bien.
La voix de Wareham, au bord de la rupture, a
appris à ne plus jouer avec le feu ni avec les limites.
Le frontman sait la parer de ses plus beaux atours et
redorer le blason de ses cordes vocales, par
l’addition de voix de Britta Phillips ou de
Sean Eden dans
les moments les plus difficiles, ou ceux qui nécessitent
une part supplémentaire d’émotion. Wareham a
même l’art sur ce Rendez-vous ultime, de lui
donner en écrin, des mélodies taillées sur mesure,
toutes en nonchalance et trempée dans l’encre mimétique
du sieur Lou Reed, pour qui Wareham n’a
jamais caché sa sympathie, et à qui il semble rendre
un hommage vocal sur le présent essai.
On quitte l’album ravi, de l’air de celui qui doit
quitter ses amis un peu trop tôt, avant que la fête ne
soit vraiment finie… Parce qu’on travaille tôt le
lendemain à l’autre bout du pays, ou qu’on a un
avion à prendre aux aurores. On se lève, on enlève
les quelques cendres qui ont volé sur le pantalon
tandis qu’on était assis en tailleur au long de la
soirée. On embrasse la maîtresse de maison poliment on
tourne les talons. Les amis de longue date ou de
passage nous souhaitent adieu et bonne chance.
Denis
Verloes
Tracklisting :
01.
Malibu love nest
02.
Cindy tastes of barbecue
03.
Speedbumps
04.
The howl and the pussycat
05.
Astronaut
06.
Broken Chair
07.
Star spangled man
08.
Motel Bambi
09.
Still at home
10.
Buffalo boots
11.
Rainbow babe
Date
de sortie : 26 octobre 2004
Durée :
45’ 22’’
Plus+
www.fuzzywuzzy.com
www.jetsetrecords.net
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