Mouse
on Mars - Rost pocks 1/2
Too
Pure/Beggars - 2003
La dernière sortie en
date du duo allemand Mouse on Mars n’en est pas
réellement une ! Amalgame de titres jusqu’à
lors uniquement publiée sur des EP’s ou des
compilations, cet album retrace la période 1994-1997.
Avec un recul d’au moins 6 ans maintenant,
l’on saisit toute l’avance dont Mouse on Mars
disposait à l’époque. Dans une ambiance vouée à
l’expérimentation, la part belle est laissée à des
morceaux teintés d’électronica, d’ambiant voire de
post-rock, auquel le titre de l’album Rost Pocks
fait bien évidemment allusion. Mais non, le rôti ne
pue pas, en tout cas tout cela ne sent certainement pas
le réchauffé, nombre des morceaux ici présents
auraient encore largement leur place dans un album
d’artiste électronique actuel.
En effet, les styles actuellement en vogue y sont
déjà préfigurés et résonnent maintenant moins sous
le signe de l’expérimentation que de l’actualité
drum’n bass, dub voire bleep-house.
Prenons par exemple le deuxième titre :
on est surpris de la fraîcheur d’un Bib et de
ses rythmiques tantôt breakbeat tantôt drum’n bass
qui datent pourtant de 95. D’autant que les samples
utilisés sont à la fois nombreux et habilement utilisés.
Ajoutons-y le très planant Maus-Mobil, qui égrène
soyeusement ses petits ovnis sonores comme autant de
samples incongrus mais pas déplacés sur une cadence
elle aussi agréable au toucher. Dans le même style,
plutôt jungle d’ailleurs, on retrouve avec plaisir un
magnifique Twift, sorte de d’hybride drum’n
bass et pop, grâce à des breaks doux mais servant
efficacement une mélodie simple et légèrement
bruitiste qui nous ferait presque chanter sous la
douche.
La pop,
parlons-en, elle est plus que présente sous l’aspect
de chansonnette aux accents ingénus dans le bien nommé
Cache-Cœur Naïf, avec ses voix féminines angéliques
à souhaits, ainsi qu’à un degré plus biscornu dans Schnee
Bud, plus expérimentale et downtempo mais apportant
sans conteste une légèreté ambient malgré un beat
plus insistant et sourd. Le contraste des deux donne une
impression de flottement quasi jouissive, l’apport
d’une basse aux effets dub n’y étant pas étrangère.
Sur ce morceau, on atteint le summum 2 minutes avant la
fin lorsque la mélodie de guitare s’amorce. Un délice !
Continuons notre
tour des genres effleurés avec malice plus que vraiment
repris par Mouse on Mars. Quand ces artistes
s’approchent de la house, c’est par la grande porte
artistique, puisque sur des morceaux tels Froschroom,
Amiga Home et surtout le joyau Schnick-Schnack,
on pense immédiatement à Matthew Herbert, tant
par l’approche (le travail sur les samples, les
quelques voix utilisées) que sur la construction et
l’atmosphère obtenue (des effets ou des rythmiques
tantôt dub-house, tantôt jazzy). Tout ceci dans une
totale impression de légèreté, encore une fois… On
ne manquera pas d’épingler aussi au tableau
d’honneur la break-house très relax de Lazergum,
qui sait groover autant qu’elle fait rêver. Quant à Saturday
Night, les deux facettes qui nous en sont offertes
raviront soit les aficionados des bleeps acides (sur le [DJ
Crack mix]) soit les amateurs de sensations plus
funky et tribales (en écoutant le [Fruity mix]).
Le temps de vous
parler du nostalgique Schlecktron, abstract
hip-hop parfait en bande-son d’un film noir, et d’un
Rototon en forme
d’hymne post-rock aux relents zen (si l’on peut
dire) et l’on aura fait quasiment le tour d’un EP
Collection au final très réussi et actuel qui réussit
parfaitement à resituer Mouse on Mars et la
contribution discrète (mais nécessaire), empreinte de
mélancolie qu’ils apportent à la musique électronique
de ces dernières années. Pour le meilleur
uniquement…
Jean-Baptiste
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