La
route du rock 2003
les
15, 16 et 17 aout 2003
Benzine
à confié le soin à un belge de donner son sentiment
sur le festival de la Route du Rock auquel il assistait
pour la première fois.
Revue
en détail des trois jours qu'il a passé en terres
malouines.
(Avec
l'accent s'il vous plaît !)
Avant de vous raconter mon festival de la route du rock, je
tiens à dire que c’était la première fois que je me
rendais à St Malo et forcément au fort de St Père.
C’était donc l’occasion de concilier ce festival avec
une découverte plus approfondie de la ville, et il faut
avouer que c’est vraiment une magnifique station balnéaire
avec sa plage, son Intra Muros et ses commerçants
sympathiques.
Le festival se situe donc à St Malo et au fort de St Père
(à une dizaine de kilomètres de St Malo.)
L’après midi, sur la plage de Saint-Malo on pu écouter
des deejays aussi illustres et doués qu’Arnaud
Rebotini (Zend Avesta, Black Strobe)
ou Thomas Morr (qui a fondé Morr Music) ou
encore DJ Kieran Hebden mieux connu sous le nom de
Four Tet. Le deejay mixe face à la mer et les
festivaliers se mêlent aux touristes et/ou autochtones.
Il y a même la possibilité de se baigner dans une piscine
tout en écoutant les deejays.
Mais je dois avouer que je n’ai pas vu beaucoup de
deejays sur la plage pendant ces trois jours. J’ai préféré
me rendre au palais du grand large (qui est en fait le
casino de Saint-Malo) et assister aux live de différents
artistes. C’était la première fois qu’une telle
initiative était prise par les organisateurs de la
route du rock : donner la possibilité au public de
voir des artistes électro dans un cadre enchanteur :
une rotonde du casino face à la mer :
magnifique !!!!!!
Le premier jour, j’y ai vu Stuntman 5, ce parisien
qui accompagnait son électronica de guitares.
Pas mal du tout même si le son laissait parfois
à désirer mais bonne entrée en matière avant
d’assister au concert de Tujiko Noriko. Cette
japonaise fait une musique electronica proche de celle
de Bjork, assez intéressante quoique assez
difficile d’accès. Les mélodies enfantines font
suite à des morceaux aux sons triturés dans tous les
sens. Après un temps d’adaptation, on se laisse conquérir
par cette voix envoûtante et par ces morceaux assez
arty il faut bien le dire.
Il est maintenant temps de se rendre via les fameuses
navettes (bien souvent trop peu nombreuses pour
acheminer le flot de festivaliers) au fort de St Père.
La première impression est que c’est un petit
festival bien loin de nos Werchter, Dour voire Pukkelpop
belges. On a affaire à un vrai festival pour amateurs
de bonne musique et la représentation des différents
petits labels et fanzines ne fait que confirmer cet état
de fait.
Passons à la musique pour ce premier soir :
Nous commençons par la fin du concert de Cyan and Ben,
les voisins de labels de M83 (sur Gooom,
un des labels français qui propose selon moi ce qu’il
se fait de meilleur en electronica). Un peu déçu d’être
arrivé en retard et d’avoir raté une bonne partie de
ce qui restera pour moi l’un des meilleurs concerts de
ce festival. Quand on écoute Cyan and Ben on est
pas loin des morceaux psychédéliques chers à Pink
Floyd et les montées d’orgue proposées par le
groupe ce soir-là ne nous contrediront pas. J’adorais
déjà l’album Spring mais je suis conquis par
leurs morceaux en live.
Après une petite pause commence le concert des canadiens
de Broken Social Scene qui fut ma première découverte :
ces canadiens font un rock assez conventionnel (loin de
la scène Constellation par exemple) rehaussé de
cuivres. Le chanteur sera rejoint par Feist, la copine
de Gonzales. Sympa mais pas renversant non plus.
Les M83 suivent pour un concert bien plus au point
que ce que j’avais vu à Dour : ces deux antibois
m’ont ravi lors de la sortie de leur premier album
avec leur electronica noisy sous influence My bloody
Valentine et j’adore le dernier album. Seul petit
hic, les mimiques et grimaces du claviériste (tête
pensante du duo) qui m’exaspèrent de plus en plus et
qui témoignent selon moi d’une autosatisfaction
exacerbée.
Les Death in Vegas feront un concert « minimum
syndical » explorant de long en large le dernier
album et le sublime Contino Sessions (qui restera
selon moi leur meilleur album) et surtout en ne négligeant
pas pour mon plus grand plaisir le morceau Help
Yourself avec Hope Sandoval, ses rythmes
indiens et rehaussé de projections d’Indiens entrant
en transe suite à l’injection d’hallucinogènes.
Le public sera beaucoup moins nombreux pour les Audiobully’s,
ce qui est bien dommage et le groupe anglais proche des The
Streets (surtout par la voix de son chanteur)
n’arrivera pas à enflammer le public mou du Fort de
St Père. Dommage mais demain est un autre jour et nous
réserve encore de belles surprises.
Le lendemain, après avoir mangé de délicieuses crêpes,
je me rends au concert au palais du grand large de Prefuse
73. Premier bémol : Mr Prefuse refuse qu’on
le photographie et demande à ce que des fouilles
minutieuses soient effectuées sur le public, ce qui
fait prendre du retard à la programmation. Il menace également
d’arrêter son concert s’il capte un seul appareil
photo. Mais tout cela sera éclipsé par un set une fois
de plus impeccable. Iil est accompagné d’un deejay
qui scratche sur ces morceaux abstract hip-hop teintés
d’electronica. Toujours aussi intéressant à voir, le
bonhomme.
Puis la découverte du festival et mon coup de cœur :
Manitoba (alias
Dan Snaith) qui est en fait un seul homme sur
disque mais en live il se fait accompagner par deux
comparses : deux batteries et des machines. Déguisés
avec des masques d’oursons, ils délivreront un set
electronica teinté de psychédélisme (que l’on
retrouve d’ailleurs sur l’excellent Up in Flames)
et font souvent penser
au Beta Band. La bonne surprise du
festival. Ils seront de nouveau invités le lendemain à
se produire au fort de St Père en remplacement de deux
groupes annulés (Fat Truckers et Calla
retenus à cause d’une panne d’électricité à
New-York).
Arrivé au Fort de St Père vers 18 h, j’assiste au
concert de Syd Matters qui m’a l’air très
chouette et qui mérite visiblement son prix au concours
CQFD organisé par les inrocks.
Buck 65 m’enchantera avec un set
hip-hop goguenard proche de ce que fait Gonzales
(par la décontraction qu’il affiche et l’humour
qu’il dégage). Le public s’intéresse très vite à
son hip-hop teinté d’humour intelligent. Sa voix est
phénoménale et il dégage une sympathie qui en ferait
vite votre meilleur pote. Il reviendra également le
lendemain avant les Manitoba.
Ensuite, certainement l’un des meilleurs concerts du
festival (quoique le moins accessible) mais je savais à
quoi m’attendre, les ayant vu quelques mois auparavant
en Belgique : les Black Dice. Ce groupe que
le festival Aquaplaning avait été le premier à
programmer avec leurs copains de The Rapture est
très difficile à cataloguer et assez déconcertant
pour ceux qui ne connaissent pas. Un seul morceau de 35
minutes où l’on va passer de sons aquatiques à une déferlante
de bruit constituant un véritable mur du son digne des
shoegazers les plus avertis. Ils convient la partie du
public qui a eu le courage de rester et de se concentrer
sur leur musique dans une transe peu commune. Bref, un
grand moment même si on l’aurait voulu que ça dure
plus longtemps.
« parle pour toi
Daniel ! » (Benoit)
Viendront ensuite les Hot Hot Heat que j’aime bien
sur album (album pop aux mélodies imparables) mais
beaucoup moins en live. Ce fut pour moi l’occasion de
me reposer avant la déferlante des Yeah Yeah
Yeah’s.
Les Yeah Yeah Yeah’s est un des groupes que je
voulais absolument voir en live. J’adore leur album et
leurs différents E.P. Et en concert, on peut dire que
c’est impressionnant. La chanteuse Karen O. habillée
en tenue sexy léopard vocifère plus qu’elle ne
chante, c’est violent, sexy et dansant. On ne peut
s’empêcher de bouger des pieds, de dodeliner de la tête.
Le spectacle est complet sur scène quand la chanteuse
avale le micro et hurle dedans, se roule par terre pour
traverser la scène : un cataclysme.
Le cataclysme ne va pas retomber avec mes compatriotes
deejays préférés : j’ai nommé les 2 many
dj’s : en Belgique, avant qu’ils n’aient
un tel succès, on pouvait les voir tous les week-ends
et donc, je les ai vus beaucoup de fois avant cette
route du rock. Mais à chaque fois que je les vois, le
plaisir est sans cesse renouvelé. On ne peut s’empêcher
de remuer, de sauter sur leur mélange d’électro et
de rock et bien que le public était assez mou, ce fut
un grand moment qui a nous a bien préparé pour une
bonne nuit de sommeil.
Et voici déjà le dernier jour de cette route du rock où
l’on va dénombrer quelques annulations : les
hooligans house de Fat truckers et les post-rockeux
de Calla.
Qu’à cela ne tienne, nous allons écouter le début du
set de Bobby Hardcore Liberace, le local de l’étape qui
va nous passer du ska, du reggae et même les Fat
truckers pour ne pas retourner le couteau dans la
plaie.
On commence donc ce dimanche au palais du grand large pour
le set live de Four Tet. Egalement à la tête de
Fridge, il délivrera un set très proche des
albums Pause et Rounds.
Ensuite, Arne Van Petegem accompagné du chanteur
des Orange Black à la guitare et d’un batteur
va nous emmener sur la constellation de du label Morr
music pendant que son directeur de label (Thomas
Morr) mixe sur la plage : Arne van Petegem
aka Styrofoam va nous délivrer un set reprenant
principalement les titres de son dernier album (i’m
what there…) On y retrouvera avec bonheur sa voix
merveilleuse que l’on pouvait déjà entendre sur un
remix des American analog set. Un des bons
moments du festival assurément.
Au fort de St Père, un peu plus tard, on commencera avec
le post-rock très mou de Playdoh, pas très
emballant et le non-charisme du chanteur
n’arrangera rien.
Le groupe qui leur succéda m’intéressa beaucoup plus :
d’abord il compte dans ses membres une chanteuse qui
me fait craquer tant elle est mignonne. On trouve également
le bassiste de The Notwist et en plus on est pas
loin de ce que fait Lali Puna et on retrouve donc
avec nostalgie les mélodies chères à nos shoegazers
préférés tels les Lush, Stéréolab
voire My Bloody Valentine.
Et puis un des mes groupes préférés dans le P.A.M
(paysage audio mondial) : les Grandaddy.
J’adore la simplicité de ce groupe, son humour, son
talent et sa modestie. Les projections qui accompagnent
les morceaux des deux derniers albums sont excellentes,
marrantes et vont très bien avec la musique. Grandaddy,
c’est difficile de les décrire, il faut les voir une
fois dans sa vie.
Par contre, les Travis, moins je les vois, mieux je
me porte : pourtant je les avais vu à l’époque
de leur album The Man Who et son single imparable
(why didn’t it rain on me) et j’avais
beaucoup aimé mais depuis que le chanteur a troqué sa
coupe Beckham contre un look de fan de Def
Leppard, il a perdu son talent, est devenu lourd
(ces allusions à la destruction des armes massives
m’ont bien fait rire, « il faut faire la paix
dans le monde ! ») Hurlait-il plus qu’il ne
chantait. Passons.
Ensuite, une fin de festival sans surprises puisque Buck
65 reviendra nous charmer avec son hip-hop à la
voix enrouée et les Manitoba nous feront
profiter de leur musique déjà jouée quelques heures
auparavant face à un public plus restreint au palais du
grand large.
Et c’est ainsi que se termine cette édition 2003 de la
route du rock qui restera comme une des plus variée que
l’on ait connu jusqu ce jour, de laquelle on retiendra
de bonnes choses, notamment les groupes ayant joué au
palais du grand large durant ces trois jours
Espérons simplement que ce ne sera pas la dernière édition
vu les infos lus dans la presse locale durant le
festival annonçant une baisse des crédits pour l’année
prochaine.
Daniel
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