musique

La route du Rock 2004    

Fort de Saint-père, les  13,14 et 15 août 2004

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    Le festival de Saint-Malo pour sa 14ème édition aura présenté toute sa gamme de possibilités que ce soit en termes de configuration de sites, de niveau de programmation ou de climat . Petit résumé d’un week-end arrosé !

 

    Vendredi :

   Après le concert poétique des deux fées de Cocorosie, venues présenter leurs comptines bricolées à partir de jouets pour enfants et de voix impressionnantes (classique tendance opéra pour Sierra et miaulements crissants pour Bianca (frissons garantis) au Palais du grand large.

C’était à Now It’s Overhead que revenait l’honneur d’ouvrir la session 2004 au fort de Saint Père. Le groupe d’Athens présenta un set correct mais assez monotone, l’absence des voix féminines (venant éclairer l’album) se faisant cruellement ressentir sur scène. Combinaisons, bonnets ou doudounes, les écossais psychédéliques du Beta Band étaient déjà parés pour une éventuelle tempête (qui ne viendra finalement que deux jours plus tard). Faute d’orage dans le ciel, ce sont eux qui effectueront un concert électrisant et lumineux, de quoi raviver les regrets dus à l’annonce de leur séparation prochaine.

Eux n’ont pas l’air de vouloir se séparer et on en viendrait presque à le regretter ; je veux parler du gros buzz (prononcer grosse bouse !) de l’année 2003 (rappelez vous le 13668ème groupe qui allait sauver le rock’n’roll !) : The Kills : une boite à rythmes très lourde, un show qui tourne en rond au bout de 5 minutes, une attitude sur scène caricaturale… Tant qu’à faire rock pur et dur jusqu’au bout, ils auraient pu penser à faire un set d’un quart d’heure ! La classe ce n’est pas une affaire de lunettes noires. Et, en cette douce nuit bretonne, dEUS vint le rappeler avec un set radieux où leurs merveilleux classiques (notamment « The magic hour » qui porte tellement bien son nom) se mêlèrent aux nouvelles compositions -dont un morceau spécialement écrit pour l’occasion dans l’après midi- : un moment de grâce ! On peut alors entamer le versant festif du festival avec LCD Sound System et leur électro post-punk énergique et tendue.

 

    Samedi :

   On commence l’après midi avec une grande première dans les siestes musicales qui se contentaient pour l’instant d’aligner des DJ-sets en bord de mer. Nouvelle vague y livre en effet son concert. On peut être dubitatif devant le concept du groupe mais leur bossa new-wave est tout à fait à sa place et du meilleur effet sur la plage de l’Eventail. Camille, l’une des deux chanteuses, y réussissant même l’exploit de continuer son solo d’harmonica tout en allant plonger dans la Manche. Moins foufous et surtout beaucoup plus intimidés , les Flotation Toy Warning présentent leur pop orchestrale emmenée par une voix flirtant avec la grandiloquence aux premiers arrivants de la soirée au fort. Une soirée qui s’annonce réussie en termes de remplissage (finalement 8000 personnes pour ce seul soir). Ils sont en effet déjà très nombreux pour voir Lali Puna et sa divine electro-pop mélancolique. Depuis 4 ans, l’association Rock tympan a pris l’habitude d’inviter à chaque fois un élément de la nébuleuse Notwist et c’est tout le festival qui, à chaque fois, en est délicieusement illuminé !

On retombe lourdement de ces cimes célestes avec l’arrivée sur scène de Air et leur soupe terriblement soporifique : le duo a livré un concert d’un ennui abyssal ! Contraste saisissant avec leurs voisins Phoenix  qui ont défendu avec fougue et enthousiasme leur soft-rock 70’s devant un public conquis et qui a fait une véritable fête au quatuor versaillais. Les plus curieux sont restés ensuite pour voir la révélation annoncée de ce festival : TV on the Radio. Et ils n’ont pas été déçus : des guitares bruitistes et incandescentes dignes de My bloody Valentine, une section rythmique impeccable et un chanteur impressionnant de présence sur scène. Le fort semblait réellement prendre feu sous les assauts sonores des New-Yorkais !

 

    Dimanche :

   Pour se remettre de la veille, on commence la dernière soirée, sous une très légère ondée, avec Mojave3. Un show langoureux, aux accents folk, où la seule fausse note aura été l’absence de la chanteuse Rachel Goswell. Vint ensuite le tour des formidables Girls in Hawaii pour un concert comme d’habitude épatant : une pop magique où alternent impeccablement, mélancolie et énergie. Le paradis avant l’apocalypse. En effet les quelques éclairs lointains venus strier le ciel à la fin de la prestation du groupe belge annonçaient en fait un orage terrible qui allait atteindre son paroxysme durant le concert des Blonde Redhead qui n’avaient pas besoin de tels artifices pour distiller leur rock tendu et sombre, aux arrangements subtils, et soutenu par des voix délicieusement torturées. Un concert épique malheureusement stoppé avant son terme, sécurité oblige. A ce moment là de la soirée votre serviteur venait de définitivement sombrer, corps et biens, sous les trombes d’eaux et décidait d’abdiquer devant un tel déchaînement des éléments naturels. On laissait donc là les festivaliers patauger dans les diverses piscines naturelles qui venaient de se créer dans le fort, tout en espérant que l’année 2005 fera revenir le traditionnel soleil qui accompagne le festival malouin.

 

Guillaume Duranel