Dans
la catégorie « one man sound » belge,
francophone, en bonne place dans la programmation des
festivals du royaume, à côté de Samir
Barris, voici Saule.
Le surcroît de notoriété allant au second puisque
V2 a déjà eu la bonne idée de prendre l’arbre et
son groupe Les
pleureurs en licence pour la France, permettant à
ce « Saule qui pleure attendant son heure »
de s’ouvrir plus largement les portes du public
francophone, et de donner un support d’écoute à ceux
qui ont découvert sur scène celui qui ouvre d’ors et
déjà pour Higelin,
Cali ou Aldebert sur les
routes de l’hexagone
Baptiste Lalieu aka Saule, est Montois et installé à Bruxelles. Ce Brusseleer
d’adoption traîne d’ailleurs quelques rondeurs des
voix du Borinage notamment sur Peter
Pan qui sent le vécu. Rien de régionaliste
pourtant dans sa musique qui oscille constamment sur un
fil triangulaire tendu entre le son jazzy de Mathieu
Boogaerts, une jouissance grandiloquente pop à la M et un sarcasme très sixties capable de produire des chansons
imparables, en français, où Madame
Pipi et Le
boss deviennent des icônes pop dignes de gimmick
entêtant, façon humour noir et Dutronc.
Il
y a une facilité évidente d’écriture chez ce
Pierrot Lunaire qui culmine quelque part à deux mètres
du sol. Une simplicité d’écriture où les histoires
de tous les jours sont abordées par un petit bout de
lorgnette dont Dominique
A ou Thomas Fersen ne sont guère éloignés. Le réalisateur
Hal Hartley non plus. Le tout à un côté indéniablement
cinématographique. On rentre rapidement dans les micro
univers touchants à force d’être ultra normaux,
monstrueux à force d’être ultra terre à terre.
La
musique est à l’avenant, évoquant beaucoup le Boogaerts
sus-mentionné. Mélange de folk, de pop et de jazz,
elle se satisferait d’une seule guitare, même si on
sent que Saule
a un gros passé (passif ?) de rockeux en formation
débridée. C’est d’ailleurs dans le sens de la réserve
que les Pleureurs
du disque apportent leur touche. En petites aplats pop,
contrebasse, bizarrerie, batterie au palet: la musique
est ici le véhicule des univers posés par l’artiste,
des éléments constitutifs d’un histoire globale
composée par un artiste en action. Une palette de
couleurs dont Saule compose le tableau.
Fondamentalement
pop, « nouvelle scène ironique française »,
sans prétention, jouissif, facile et pourtant bien pensé,
vous êtes ici
est un album efficace, simple frais et proche, compagnon
idéal de ces périodes pré-estivales. Le Saule
bourgeonne et il ne tient qu’à nous de venir
bouquiner, s’embrasser ou laisser libre cours à notre
romantisme sous ses branches. Un dimanche traditionnel
au parc public en somme.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Saule
02.
Tu dors
03.
Si
04.
Le baiser
05.
Minimum
06.
Madame Pipi
07.
Tête ailleurs
08.
Le temps passe
09.
Le boss
10.
Peter Pan
11.
Murphy
12.
Le bal des timides
Durée
: 38'
Date
de sortie
: mai 2006
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