Beck
- Sea change
1/2
Warner
- 2002
Depuis que
Beck existe, musicalement parlant j'entends, depuis
qu’il sort régulièrement des disques, c'est à dire
depuis 1995, on sait qu’il est capable d’alterner le
bon et le moins bon.
Et
comme les français au moment
des élections présidentielles, Beck a du mal de
trouver sa voie, son style, et chaque nouvel album est, pour ainsi dire, le reniement du précédent
tant ses disques sont à l’opposé les uns des autres.
Autant Midnight vultures,
le précédent, était façonné dans une sorte d’électro-funk
débridée et foutraque, autant sea change, le
nouveau, semble apaisé, réfléchi, dépouillé de tous
artifices et bien assis sur ses références
musicales. Car cette fois-ci encore, Beck nous la joue
blind-test et convoque quelques monuments de
l’histoire du rock pour les placer au cœur de ses
dernières compositions. Sur paper tiger, par
exemple, il nous ressort carrément l’orchestre de Gainsbourg
et Jean-Claude Vannier et nous refait Melody
Nelson estampillé "Beck 2002" tellement
bien imité qu’on jurerait presque l’original. Mais
heureusement il n’en est rien car Beck a décidé de
tout faire lui-même et de laisser, cette fois-ci, le
sampler au vestiaire.
Sur I
guess I’m going fine, on retrouve le Beck de
l’album One foot in the grave ou de Mutation
avec ses balades folk classiques et décontractées. Mais
qui vient pêter ses arrangements de cordes, ses
harmonies vocales sur Round the bells et sur
Lonesome tears ? C’est Nick Drake évidemment
dont le fantôme plane lourdement sur ces deux morceaux.
Et on ne citera pas Neil Young, Johnny Cash
ni même JJ Cale quant à eux présents dans le
cerveau du Californien depuis le début de sa carrière.
On a donc
retrouvé le Beck tranquille, guitare folk à la main,
chantant d’agréables country-songs entrecoupées de
morceaux en formes d’hommage à ses idoles. Et on se
dit que finalement c’est ce Beck là qu’on préfère,
plus serein, plus paisible que celui qui se cache derrières
ses délires musicaux qui, finalement, ne font
qu’alourdir sa musique et la rendre, à la longue,
assez fatigante.
Benoît
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