Oneida
- Secret
wars1/2
Rough
Trade/PIAS
- 2004
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Après l’électronique qui se déguise en rock façon Death
in Vegas, voici le rock qui se déguise en musique
électronique, façon Oneida.
Démarche
étonnante au sein de la déferlante bruitiste qui
envahit les bacs de nos disquaires favoris, force est
cependant de constater que ce n’est pas une logique de
réussite à tout prix qui motive ce choix esthétique
singulier.
Car
ce son si particulier, ces nappes de guitares triturées
mêlées de synthétiseurs, qui font la marque de
fabrique d’ Oneida, le groupe le tient depuis
plus de six ans. Six ans pendant lesquels le quatuor
originaire de Brooklyn a écumé les salles
outre-atlantiques, dormi selon leurs dires dans tous les
lieux imaginables des Etats-Unis et usé tous les types
de nourriture offerts par les restaurant de la côte est
à la côte ouest. Et puis… Et puis les journalistes
musicaux qui avaient claironné un peu partout la mort
des groupes à guitares ont changé leur fusil d’épaule…
Alors les labels ont emboîté le pas, et donné à ce secret
wars successeur de l’inaperçu A place called
El Shaddai’s, une ampleur internationale.
Se situant quelque part entre le rock pyschédélique
des 70’s, ses avatars des années 2000 (Flaming
Lips, Mercury Rev) et les incursions rock and
roll des formations électroniques ; Oneida
développe une musique qui mélange les racines du rock
and roll avec les prétentions « d’ambiance »
des musiques au laptop. Un groupe qui se rappelle des créations
de Pink Floyd autant que de la rage primale des Stooges.
Un groupe qui fait penser au post rock autant qu’au
rock barré d’Hawkwind. Suprenant à tous
niveaux.
Pourtant, une fois passée la surprise du premier titre,
où on est émerveillé autant qu’abasourdi, comme on
l’avait été en son temps par l’arrivée de Mogwai
ou des Chemical Brothers; on se lasse. On se
lasse parce qu’une fois la tranche coupée au couteau
et passé
le cap de la croûte de nouveauté auditive, il ne reste
plus grand chose à se mettre sous la dent.
Le disque de « drone-rock » d’Oneida
promet beaucoup mais se prend les pieds dans le tapis à
mi-course. Les compositions sont cycliques comme se doit
de l’être le rock psychédélique. Elles montent,
elles montent, mais n’explosent jamais réellement ;
comme une bulle dans une mie de pain, où ne reste
finalement que le trou dans la tartine.
Les
inconditionnels du psychédélisme seront peut-être
ravis. Le simple amateur, étonné, trouve dommage que
l’idée originale n’est pas soutenue par une écriture
mélodique moins pataude. votre serviteur se demande
d’ailleurs qui a bien pu organiser le travail en
studio du groupe ? La production linéaire, sans
relief ni aucune nuance, nuit au travail d’Oneida
et accroît exponentiellement l’impression de
gloubiboulga sonique. Une rondeur
lo-fi (volontaire ou inopinée ?) dont
ressort de ci une voix, de là un son de synthé sur
lesquels on arrive pas à focaliser son attention, et
qui n’arrange en rien l’effet déceptif global.
Le groupe aimerait être comparé à Moondog, ESG ou
Incredible string band ; nous apprend la bio du
groupe. Il y a encore du chemin… On attend le prochain
épisode avec une impatience mêlée de curiosité.
Affranchis d’une production pourrave et de certains
tics de répétition, Oneida pourrait s’imposer
comme une valeur sûre d’un avenir proche. Dans le cas
contraire…
Denis
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