En
fait, on avait déjà constaté qu’on vieillissait, il
n’y a pas longtemps, en regardant la discographie de
certains des groupes de nos jeunes années prendre de
plus en plus de place sur les rayonnages de nos étagères.
Le simpatico de The Charlatans
nous en donne une preuve encore plus éclatante. Les
« rock survivors » comme ils ont été
surnommés un jour dans le NME, ont vieilli avec nous.
Et il est désormais tout une génération de mélomanes
pour qui le seul exemple de rock baggy mancunien encore
en activité après la disparition de Happy
Mondays et the
Stone Roses, n’évoque plus rien, ou pas
grand-chose. Ca commence par la bio publiée par Pias
France, qui classe simpatico
huitième opus du groupe, alors que le fan aura rectifié
de lui-même : some
friendly, between 10th and eleven, up to our hips, The
charlatans, Tellin’ Stories, us and us only,
wonderland, up at the lake, et enfin simpatico,
qui est bien
le neuvième album studio du groupe. Ca continue
ensuite par certaines conversations entendues, ou
certaines chroniques lues dans nos magazines rock préférés,
qui signalent que le clavier est un arrangement agréable
de cette formation, alors qu’elle en est le pilier (et
dieu sait qu’après la mort de Rob
Collins, premier claviériste, ils ont bien failli
jeter l’éponge). Ou de jeunes chroniqueurs signalant
que depuis les Strokes et leurs suiveurs, l’arrivée d’un groupe comme les Charlatans
n’est pas désagréable, mais dispensable… Assertion
amusante, dans la mesure ou la chronologie de
l’apparition dans la famille musicale est diamétralement
inversée.
Maudits
Charlatans,
qui prouvent par ce petit condensé de réflexions,
qu’ils sont perdus à jamais pour
la célébrité. Et
ce nouvel album me direz-vous ? Il vaut quoi ?
Ben franchement, il ne démérite pas par rapport à
l’époque The
Charlatans (selon nous la période la plus riche du
groupe). On y trouve comme d’habitude une belle paire
de singles, qui devraient monter dans les charts
outre-Manche, en les titres blackened
blue eyes placé en ouverture de l’album et muddy
ground un peu plus loin, qui sont à la fois de très
bons singles et de très hauts fleurons de la « méthode »
charlatans. Soit une britpop au chant arrogant, une
basse qui impose l’ondulation du bassin, et un clavier
qui ping pongue avec
la guitare. Le
tout pour obliger à danser sur place, bras pliés et
poings à hauteur du cou. On y trouve aussi, sans doute
la manière du groupe de céder à la vague d’un
retour en grâce de Clash, plusieurs titres inspirés par le reggae : city
of the dead, et the
architect. Inspirés, et non pas copiés conformes (Hard
Fi, radio 4, et les 10 autres, si vous me lisez…),
c'est-à-dire mâtiné d’éléments qui font et ont
fait le plaisir des fans des Charlatans:
le funk, le groove baggy, Bob
Dylan et la northern soul…
Etonnemment
c’est cette singularité du groupe à rester lui-même,
à avancer en cherchant à s’enrichir, à élargir son
spectre musical en se nourrissant des modes et des expériences
solo de ses protagonistes (à noter le très « californien »
opus solo du chanteur Tim Burgess) qui finalement le dessert. Une stabilité qui lui nuit
à la face d’un monde en quête de perpétuelle
sensation et de frisson de
la nouveauté. Une
volonté de rester profondément soi-même, qui donne
ici les six premiers morceaux à simpatico,
descendant de-crescendo de très haute tenue, à la
bonne tenue… et qui sont, il faut bien l’avouer,
contrebalancés par les quatre morceaux, finaux, un peu
trop romantiques, un peu trop mollassons, un peu trop
sans âme, pour envoyer cette nouvelle galette au sommet
de notre top 3 des meilleurs albums du groupe, toujours
relégué derrière l’album éponyme, some
friendly et up
to your hips. Pas dans le trio de tête des albums
de The Charlatans
assurément, mais quand même loin au dessus de pas mal
de formations récupératrices mot à mot du son des
late ‘80’s. Gageons qu’un jour, quand les primes
années 90’ s seront revenues à la mode, que
plusieurs groupes clones se revendiqueront avec ferveur
des lascars de Manchester. On attendant on reste avec
notre bande de happy few, à profiter de notre dose de
petit plaisir mancunien.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Blackened Blue Eyes
02.
NYC (There's No Need to Stop)
03.
For Your Entertainment
04.
Dead Mans Eye
05.
Muddy Ground
06.
City
of the Dead
07.
Road to
Paradise
08.
When the Lights Go out in
London
09.
The Architect
10.
Glory Glory
11.
Sunset & Vine
Durée
: 18/04/2006
Date
de sortie : 44’
35
Plus+
www.thecharlatans.net
La
chronique de l’album solo de Tim Burgess
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