musique

South - Adventures in the underground journey to the stars

Young american/Wagram

[3.5]

 

 

Un peu survendu, à la fin de l'automne par nos lectures de la presse indé hexagonale; un magazine parmi nos préférés, entre deux laudatifs, épinglait la facilité et l'efficacité déconcertante avec laquelle South s'appropriait l'alphabet musical de différents groupes pop  ayant marqué l'histoire. Un appropriation que ledit magazine comparaît à un vol de grande classe, façon Arsène Lupin ou Thomas Crown.

 

Et c'est vrai qu'il y a dans ces adventures quelque chose de ce principe d'album-somme; de groupe à la fois jalon et condensé de l'histoire du rock qui l'a engendré. The Dears, en 2006, a placé son gang of losers en demi teinte, dans cette catégorie. C'est au tour des north country boys, formés à Londres,  de se lancer dans cet exercice sans doute bien involontaire, avec plus de réussite que les Dears précités. Abandonnant les propensions électroniques qui les avaient fait héberger chez Mo'Wax à la croisée des siècles, oubliant le temps d'un album l'absolu anonymat de leur précédent opus moins abouti… South s'invente une relation extraconjugale avec quelques unes des plus jolies formations rock de l'histoire de la pop. Et réussit à mener ces dernières pas loin de la jouissance, où acte et transgression de l'interdit se confondent.

 

On s'amusera ici à repérer les emprunts, dont l'accumulation et l'agencement en font une signature personnelle à part entière. On trouve du coup, amusons-nous pour voir: la facilité et le son de guitare des ballades des Beatles, sans l' "overdrive" de la guitare d'Oasis. On y trouve aussi, plaquées, les doubles voix familières des compos des Byrds. Quand ils quittent la ballade, comme pressés par le temps d'explorer un maximum d'étiquettes musicales en un seul album, c'est pour mieux verser dans le rock électro, hybride, de New Order (de l’époque et le pâlichon de maintenant) ou dans le "gain" de la guitare de Johnny Marr. Et dans la noisy pop du giant steps des mésestimés Boo Radleys, on a failli l'oublier. Puis quand ils ne sont pas occupés à faire leurs les préceptes de la sainte bible de la pop anglaise ou du rock en général, ils font tomber le tempo jusqu'à la comptine presque folk. Un mode ultra apaisé où ils ne sont pas forcément excellents mais où ils se piquent là aussi de chaparder, comme en liseré, quelque chose de la patte Brian Wilson.

 

Pas forcément l'album indispensable à toute discothèque digne de ce nom, (ce caractère a-t-il d’ailleurs encore une quelconque pertinence à l’heure de la culture musicale de niche ?) ; mais en tout cas un rejeton sympathique de la pop anglaise directe, immédiate, dont on fait les tubes qui tournent en soirée estudiantines, quand on est un peu raides de houblon brassé ou de désir sexuel aviné, et qu’on se fout pas mal de savoir si le groupe qu’on écoute est en train de peser dans l’histoire de la musique, tant qu’il nous donne l’ivresse. Encore une peu mal assuré d’ailleurs pour peser dans l’histoire, mais question ivresse, z’ont fait péter le bouchon les bougres !

 

Denis Verloes

Tracklist

01. Shallow

02. Habit Of A Lifetime

03. You Are One

04. Piece Of A Dream

05. Know Yourself

06. A Place In Displacement

07. Safeti In Numbers

08. What Holds Us

09. Up Close And Personnal

10. Meant To Mean

11. Flesh And Bone

12. Speed Up / Slow Down (Bonus Track)

13. Bizzare Love Triangle (Bonus Track)

 

Durée: 54’ 32’’

Date de sortie: novembre 2006

 

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