Yo
La Tengo - Summer sun
Matador
- 2003
Depuis combien de temps écoute-t-on la musique de Yo
la Tengo ? Sans doute depuis le moment où
l’on a commencé à s’intéresser au rock indé,
parce que Yo la Tengo fait partie du paysage
musical que l’on connaît depuis toujours. Au fond, Yo
la Tengo fait partie des meubles depuis bien
longtemps et on s'en réjouit encore.
Au même titre que Sonic Youth, Will Oldham
ou Low, le groupe d’Hoboken est devenu un petit
dinosaure dans son genre. Groupe hautement respectable
pour son intégrité et sa régularité, Yo La Tengo
n’a jamais fait de vague et s’est toujours fait
respecter par une forme de discrétion toute à son
honneur. Avec Summer sun, onzième album du
groupe, difficile une fois encore de ne pas être
admiratif par la qualité et par le renouvellement une
nouvelle fois opéré au cœur de la musique d’un trio
qui vieillit décidément de mieux en mieux.
Si l’on compte trois années depuis le
précédent album And
Then Nothing Turned Itself Inside-Out on n’oubliera pas néanmoins de
citer The Sounds of the Sounds of Science, un très
bel album, sorti en 2002, en forme de bande originale pour
des films documentaires. Un exercice de style dans
lequel, une fois de plus, le trio s’en est sorti
admirablement.
Première écoute, première impression :
Summer sun est un disque apaisé, presque calme
dans lequel les sons des guitares distordues semblent
être passés
à la trappe. On s’éloigne de Sonic Youth pour
se rapprocher de Lambchop, et on n’y perd pas
au change. Chansons pop évanescentes, balades folk,
voix éthérées forment l’ossature de ce nouvel album
aux contours ronds et aux angles doux. Album de
mi-saison, ni sombre, ni lumineux, Summer sun évolue
dans des teintes claires-obscures, douces et très agréables
qui peuvent rappeler par moment un Velvet
underground comateux. Faisant la part belle aux
orchestrations discrètes et aux arrangements délicats,
Yo la Tengo nourrit, par moment, sa musique
de jazz et lui donne un côté rétro-nostalgique
sympathique comme sur Winter
A-go-go ou encore ajoute une touche free-jazz mesurée
sur Let’s be still.
Album de la sagesse, album de la
vieillesse, sans doute pas, mais il est certain que Yo
La Tengo a décidé de mettre la pédale douce et de
remiser les amplis à la cave. Sans perdre de son charme
ni de sa personnalité, le groupe donne un nouveau
souffle à sa musique en la rendant plus soyeuse, en lui
ouvrant de nouveaux horizons, toujours aussi lointains,
toujours aussi beaux.
Benoît
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