Supersilent
- 6
Rune
Grammoffon / Universal
- 2003
Comment sortir indemne d’un tel disque, comment ne pas
ressentir ne serait-ce qu’une toute petite émotion à
l’écoute des six longues et envoûtantes plages de ce
sixième album de Supersilent. Un disque mystérieux
qui n’en finit pas de nous faire voyager dans les
contrées désertiques de la Norvège.
Signé sur le label Rune Gramoffon qui a
notamment produit des albums de groupes aussi singuliers
que passionnants : Alog et Phonophani,
Supersilent fait honneur à son label en nous
proposant une musique aux frontières de l’abstrait et
du réel totalement désincarnée et follement
captivante.
Formé de quelques norvégiens portés sur
l’improvisation, Supersilent sort là son sixième
album sans le moindre titre, un peu à la manière de Sigùr
Ros ou Godspeed You black Emperor que l’on
imaginerait fort bien influencés par ce "band"
tant on retrouve un semblant de ressemblance entre ces
groupes pas comme les autres dans la manière de
concevoir la musique.
Mais arrêtons là les comparaisons et
penchons-nous sur la musique extraordinaire de Supersilent
qui n’en finit pas de nous intriguer au fur et à
mesure des morceaux qui composent ce volume 6.
Commençons par le commencement et découvrons le titre
qui sert d’ouverture à l’album. Sur un peu plus de
11 minutes, 6-1 développe une sorte de
progression pour synthétiseurs analogiques des plus
variés aux climats inquiétants, le tout parsemés de
percussions diverses qui donnent un aspect totalement
baroque à ce morceau.
Moins
torturé et plus calme, 6-2 avance au rythme de
la trompette sur une mer calme et glacée sur un titre
très "jazz nordique" qui rappelle le travail
de Nils Petter Molvaer.
6-3
démarre tout en tension, comme une musique de film
d’horreur signée Ennio Morricone, angoissante
à souhait et totalement hystérique. Le morceau
distille une atmosphère de cauchemar et de frayeur
absolument palpable à laquelle on reste accroché
durant plus de 13 minutes.
6-4,
plus proche de notre représentation habituelle de la
musique, se révèle être le titre post-rock par
excellence, très accessible et reposé au départ, il
se transforme ensuite en une sorte de tremblement sourd
et apocalyptique aidé en cela par des guitares, des
synthés et une batterie de plus en plus puissants
transformant la chose en une véritable cathédrale
sonore mystique comme sur le titre 6-5 emplis de
claviers distordus et saturés.
Enfin
l’album se termine par le titre le plus beau et le
plus new-age de l’album servi par une voix et des
claviers vaporeux évoquant les étendues glacées de pôle
Nord.
Plus accessible et moins axée sur les expérimentations
électro-jazz comme sur les précédents albums, la
musique de Supersilent s’affine et s’affirme
comme étant une des plus belles et des plus captivant
du moment. Enregistré en 5 jours Supersilent 6 émeut
et désarçonne l’auditeur par un sens de la
composition hors norme et par une capacité à dégager
des climats à la fois menaçants et apaisants.
Benoît
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