Forcément quand on annonce un nouvel album des Rachel’s,
c’est avec un enthousiasme non feint que l’on attend
l’arrivée de ce disque. Par le passé, et à maintes
reprises déjà, le groupe nous avait régalé avec des
album splendides et profonds dans lesquels on se
laissait aller à une mélancolie contagieuse. Des
disques dont on peut dire que
la musique en est ressortie grandie.
Après
quatre LPs, dont le récent Selenography (1999),
sans doute les deux les plus beaux que le groupe ait
composé, voici Systems/Layers
nouvelle pièce maîtresse du trio de Louisville
dans laquelle on découvre, une nouvelle fois, des
titres plus proches de la musique de chambre que du
rock. Dans ces morceaux, plus gracieux les uns que les
autres, on retrouve, autour des instruments, des sonorités
du quotidien qui humanisent véritablement la musique
des Rachel’s.
Amateurs de collaborations diverses, les Rachel’s
ont enregistré cet album
avec des membres de la Siti Company de New
York, une troupe de performers qui se caractérise
notamment par un travail
important sur les combinaisons entre la musique et les
sons provenant du milieu urbain.
Le
résultat de cette rencontre ressemble à un vaste
territoire sonore à l’aspect désertique sur lequel
on trouve des ambiances proches de certaines musiques de
films par exemple.
Fort
de 19 pistes, dont certaines font office d’interlude
sonore ou de respiration, Systems/Layers est un disque du soir, ample et fragile à la fois, rempli de
silences et de bruits divers propices à créer une
atmosphère particulière à chaque écoute.
Rempli de cordes et de belles notes de piano, il
émane de cet ensemble musical des sentiments étranges
et variés qui peuvent se comprendre comme la traduction
musicale d’une histoire d’hommes plongés au cœur
d’une grande métropole... Un étrange concept en tout
cas.
Avant d’être l’album d’un jour d’automne
maussade, Systems/Layers
est un grand disque aux frontières de la pop, de
la musique contemporaine, du jazz et de la musique expérimentale,
capable de nous transporter vers des ailleurs, plus vite
et moins cher qu’un TGV lancé à pleine vitesse.
Intense
et changeante au fil des morceaux, remplissant aisément
l’espace de la pièce qui la diffuse, cette musique
revêt en elle un aspect théâtral et dramatique tant
chaque élément semble évoquer quelque chose de réellement
palpable.
Continuant leur sans-faute, les Rachel’s perpétuent
la tradition d’une musique moderne qui emprunte des éléments
musicaux et sonores à divers genres pour n’en faire
plus qu’un. Ils réussissent une fois encore à créer
une musique hybride et céleste qui, à chaque essai,
subjugue l’auditeur, saisi qu’il est, par la grâce
et les émotions qui en ressortent.
Benoît
|