The
Married Monk - The
Belgian Kick
Ici
d'ailleurs/chronowax - 2004
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Peut-être est-ce dû à leur statut d’irrémédiables
provinciaux, ou encore à leur manque de lisibilité
pour les média (difficile de leur coller une étiquette)…
Toujours est-il que les bretons de Married Monk
n’ont pour l’instant pas accédé au rang qu’ils méritent
là ou d’autres jouissent soit d’une reconnaissance
critique, soit des suffrages du public, soit des deux.
Quoiqu’il en soit, plus les albums s’enchaînent (There
is a rub, The Jim Side, R/O/C/K/Y), et
plus l’injustice apparaît de manière flagrante :
the Married Monk est tout bonnement l’un des
meilleurs groupes de rock français (dans son acception
la plus large), et personne, ou presque, n’est au
courant.
Non content de friser l’excellence à sa chacune de
ses sorties discographiques le groupe de Christian
Quermalet trouve encore le moyen de révolutionner
son petit intérieur à chaque nouvelle étape : the
Belgian Kick est aussi différent de R/O/C/K/Y
que ce dernier de son prédécesseur etc… C’est dû
en grande partie au changement constant de
collaborateurs au sein du groupe lui-même (constitué
depuis quelques années maintenant du trio Quermalet/Philippe
Lebruman/Jean-Michel Pirès) : de Jim
Waters à Yann Tiersen en passant par
l’excellent Fabio Viscogliosi ou encore Stéphane
Bodin, parti former Bosco, l’éventail des
possibilités est large. Et le groupe ne se prive pas
d’explorer toutes les voies ouvertes devant lui,
poursuivant un chemin vraiment à part et à l’écart
de toutes les tendances actuelles, voire de toutes les
tendances tout court.
On trouve ainsi chez eux des fragments de pop anglaise,
de folk lo-fi, de musique de film, expérimentale, de
hip-hop, d’electro etc, etc. Avec toujours pour base
un songwriting solide et d’autant plus intéressant
qu’il ne révèle pas ses charmes immédiatement.
Pourtant the Belgian Kick s’impose au final
comme un grand disque de pop qui s’ignore : une
grosse moitié des titres présents pourrait passer pour
des complaintes un peu déviantes de crooner
post-moderne, de la lounge-music aventureuse et bizarroïde
(Love Commander), quand ils ne s’assument pas
carrément love-songs romantiques à souhait (Totally
Confused) ou mélopées suaves pour jamesbonderie
improbable (You Only Live Twice). Avec toujours
l’audace comme seul et unique moteur, car il faut oser
s’attaquer à un morceau de Captain Beefheart (Observatory
Crest).
Dés lors, les pistes sont irrémédiablement brouillées,
et c’est tant mieux : on ne sait plus si l’on a
affaire à un groupe de rock jouant avec de l’électronique
artisanale ou à un groupe vaguement electro se prenant
pour des folk-rockers. Pas bien grave au fond puisque
les chansons nous agrippent irrémédiablement. Pretty
Lads et ses atours d’electro-pop accroche-cœur
pourrait même devenir le tube dont ses auteurs se
foutent probablement, mais qu’ils méritent plus que
tout autres. Pour cela, il faudrait que les radios se réveillent
de leur coma profond et veuillent bien oublier un
instant que ce groupe chantant en anglais ne rentre pas
dans leurs satanés quotas. On peut toujours rêver…
Laurent
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