The
servant - s/t 1/2
Recall/sony
- 2004
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On aura mis très longtemps avant de seulement se mettre
à écouter vraiment The servant. D’abord parce
qu’on s’était lancé dans une première écoute de
ce CD publié début 2004, dans une estivale période
avare en sortie, un peu par désœuvrement, sans véritable
attirance. Ensuite, parce que dès les premières notes
de l’album ce qui frappe l’auditeur distrait c’est
la production chirurgicale et la qualité sonore de
l’ensemble. Et stupidement, parce que le disque est
diffusé par Sony, on avait catalogué un peu rapidement
le groupe au rang des wannabees surproduits tentateurs
de charts, phénomène de mode sans grand talent.
Etonnement, le single Orchestra qui a désormais
gagné ses galons de
« heavy rotation » sur des radios ciblées
trentenaires amateurs de rock, aura attendu près de six
mois à atteindre le grand public. On avait parié
moins. Bizarrement c’est cette puce à l’oreille qui
nous a incité à nous pencher plus attentivement sur
l’album de Dan Black, et sa bande.
Effectivement, ce qui frappe immédiatement une fois
avalée toute la galette, c’est le côté clinique de
la production. Dérangeante dans un album rock pour
lesquels nos oreilles sont habituées à moins de
perfection, plus de chaleur. En fait quand on fait le
tour, on constate qu’on ne connaît guère que les décevants
Garbage ou les plus emballants Notwist qui
ont pris le parti de « synthétiser » le son
du rock pour lui faire prendre un tournant de siècle dédié
aux machines. Classons d’emblée The Servant à
mi-chemin de ces deux formations. Propre et net comme Garbage
mais moins chiant de maniaquerie sans âme, puis
une qualité sonore travaillée comme un véritable
acteur du disque, comme chez les Allemands, quoique
moins débroussailleurs sans doute. Une production résolument
tournée vers le 21e siècle.
Une orientation vers le futur qui prend la forme, du côté
du style, d’un grand brassage des influences majeures
de ce que fut le 20e siècle. Rock
d’abord… En témoignent les omniprésentes guitares
électriques qui rugissent sur plusieurs titres, pop
ensuite… mélange de tout ce que la Grande Bretagne a
compté de représentants efficaces. Des mélodies
faciles en forme de gimmick comme en ont produit pas mal
de groupes dits britpop (Blur, Oasis, Menswear, Dodgy…),
et des ballades inspirées des mythiques La’s, par
ailleurs les moins réussies de l’album. The
Servant, se dit également épris de funk.
L’influence n’est pas si évidente alors… Si ce
n’est qu’il faut reconnaître à l’ensemble de
l’album une tendance évidente à attirer les gens
vers la piste de dance. Si le déhanchement Princien
n’est pas de rigueur c’est plutôt du côte de la scène
baggy, mélange de rock accrocheur et de groove à la
mode Stone Roses qu’il faut aller chercher
l’infusion réussie.
L’ensemble est cohérent et fondamentalement plaisant.
Rien de trop dégoulinant ni franchement écœurant.
Rien de trop ouvertement calculé ou préformaté.
L’album comprend un beau lot de mélodies imparables
à reprendre à tue-tête ou au volant de sa voiture, et
suffisamment d’attitude « indé » pour réunir
les auditeurs. C’est le genre d’album efficace que
chaque saison nous apporte, dont ne sait trop si
l’avenir les condamnera à l’oubli, au panthéon ou
au remplacement. Le genre d’album qui parfois finit
par disparaître de nos mémoires, après avoir
cassé les pieds à l’usure du passage intensif
sur les ondes. On peine d’autant plus à comprendre
pourquoi il aura attendu si longtemps pour séduire les
programmateurs radios.
Denis
Verloes
Tracklist :
01.
Cells
02.
Beautiful Thing
03.
Liquefy
04.
Body
05.
Devil
06.
Orchestra
07.
Can Walk in your Mind
08.
Not Scared, Terrified
09.
Jesus Says
10.
Get Down
11.
Glowing Logos
durée:
46’ 50’’
Date
de sortie: Février 2004
Plus+
www.theservant.co.uk
www.tournant.com
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