Autant
ne pas faire durer le suspense, le nouvel album de Chan
Marshall, alias Cat
Power, est loin de combler les attentes que cette
artiste brillante fait peser à chacun de ses disques. Déjà,
on peut dire que c'est toujours un peu présomptueux
d'appeler un album The
greatest... surtout quand celui-ci se révèle ne
pas être du tout à la hauteur.
Et
pourtant l'affiche était bien belle. Car Chan
Marshall avait décidé pour ce septième album de
s'entourer de musiciens de blues et de soul de Memphis,
et que des pointures croisées dans les meilleures pépites
du genre, avec Al
Green entre autres. Seulement voilà, Chan
Marshall reste au milieu du guet et livre un disque
qui garde constamment le cul entre deux chaises. Car la
belle n'arrive pas à choisir entre la poursuite de son
folk éthéré et épuré et l'exubérance nécessaire
pour réaliser de bons morceaux de musique black. Et
puis, Chan
Marshall nous la joue cheap voire lo-fi dans ses
sonorités, alors qu'elle avait largement les moyens (en
terme de musiciens) pour aller jusqu'au bout de sa démarche.
Et si la neurasthénie pour trentenaires tristes avait
toute sa place dans la pop-folk qu'elle distillait
jusque là (et qui transparaît encore dan le morceau éponyme
The greatest),
ici, c'est carrément lourdingue. Ou du moins décalé
au milieu des compositions rythm’n’blues de ce
disque. Et Cat
Power sombre rapidement dans l’auto-parodie.
Mais
ses morceaux teintés de blues sont les plus faiblards
car la tigresse ne les maîtrise visiblement pas. Lived in bars en ai l’exemple parfait qui pue les bons sentiments
à des kilomètres, loin en tout cas de la subtilité à
laquelle nous avait habitué Chan
Marshall. Au final ce sont les morceaux les plus épurés,
tel Where is my
love qui s’en sortent le mieux.
Bref,
si Cat Power
souhaitait faire un disque soul, elle aurait dû se
lancer à fond dans sa démarche : et faire comme Bowie
un Young americans
plus black que les albums de James
Brown ou se lancer dans du vrai blues, comme sait le
faire Ben Harper.
Ou alors rester dans son folk mélancolique qui lui sied
si bien. Mieux vaudra donc se replonger dans les précédents
disques de Cat
Power, un Moon pix ou même You are
free.
Julien Damien
Tracklist
:
The
Greatest
Living
Proof
Lived
In Bars
Could
We
Empty
Shell
Willie
Where
Is My Love
The
Moon
Islands
After
It All
Hate
Love
& Communication
Durée
: 41’27
Date
de sortie : 24
janvier 2006
Plus+
www.catpowerthegreatest.com
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