Pall
Jenkins (voix guitare) et Tobias Nathaniel (piano,guitare),
noyau dur de la formation de San Diego formée en 1997
reviennent aux affaires en compagnie de la basse de Jimmy
Lavalle (the Album leaf), de la batterie de Joe
Plummer (Modest mouse) et du violon de Matt
Resovich. Deux ans après un étonnant amore del
tropico, qui envoyait le groupe indie habitué des
atmosphères plombées et des ciels d’encre jouer sous
des latitudes tropicales et plus enjouées, qui ne leur
correspondaient que très moyennement.
Retour
au « ciel si bas qu’il
fait l’humilité » comme disait un
compatriote, pour un The Spell qui replace BHP
en terrain marécageux, en horizons bouchés et au beau
milieu d’un labyrinthe musical dont les protagonistes
désespérés se demandent s’il leur reste ne fut-ce
qu’une demi chance de survie.
Plus
resserré que les précédents opus sur le quatuor
instrumental central, les différents instruments y sont
mixés de manière plutôt uniforme, tendant à accroître
l’effet de son global, en vague uniforme, et
d’atmosphère plombante. La basse y imprime un rythme
à peine perceptible, tandis que du côté de la
batterie, on y repère que la caisse claire et le Charlay,
tristes à force de se présenter isolés du reste de
leur instrument, qui lui ne se distingue pas de la masse
où il pulse le rythme imperceptible. Une masse dans
laquelle les riffs pourtant acérés des guitares ne
parviennent pas à surnager assez longtemps pour amener
énergie positive et souffle de vie, et où les longues
notes de violon, ou alternativement de piano, comme joués
au bord d’une falaise romantique battue par les
embruns, achèvent la mélancolie paranoïaque qui sied
à l’ensemble (et ne parlons que des récurrents, mais
on pourrait citer le cor comme de brume de return to
burn, les effets venteux de The waiter #5 ou
d’autres arrangements spécifiques…).
Et
pour décrire l’atmosphère générale de l’album,
on a envie de signaler que les éthers gris foncés des
anglais de Doves ou des américains de Pinback,
à côté, c’est un blague fendarde. Avec BHP
on se situe quelque part entre le seventeen seconds
de Cure et le momentary lapse of reason de
Pink Floyd. Une musique qui se développe depuis
le début de chaque plage et propage son petit univers
autonome à chaque fois, plaçant l’auditeur dans un
anti-psychédélisme évident, et pourtant pas si éloigné,
mais où chaque nouvel instrument et gimmick
contribuerait à donner une variante dans la palette
gris foncé autour de laquelle BHP compose le
tableau de the Spell. Une palette sombre qui
aurait pour touche du chef la voix plaintive de Jenkins qui fait mouche avec son presque
grincement, perpétuel mais idoine, pour parachever un
travail de sape du moral élaboré par le reste de la
formation.
Album
plombé, mais pas tout à fait plombant, à éviter
pourtant les dimanches de déprime, the spell
replace BHP
sur un piédestal dont ses fans l’avaient un peu
descendu, lors de la sortie de amore del tropico.
La première marche d’un podium, placé dans un stade
où tout le public aurait succombé à quelque épidémie
fulgurante, et où les dauphins des secondes et troisièmes
marches, n’auraient pas trouvé la force de se traîner
jusque sur l’estrade.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Tangled
02.
The Spell
03.
Not Just Words
04.
The Letter
05.
The Replacement
06.
Return To Burn
07.
GPS
08.
The Waiter #5
09.
Places
10.
The Fix
11.
To Bring You Back
Date
de sortie
:09/05/2006
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officiel
L’espace
Myspace
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