Avec
un premier opus Le désert primé par une
Victoire de la musique électro et un faux second, en
forme de B.O. également primé, on se dit que le
parcours d’Emilie Simon a tout de la success
story à la française. On attendait donc le nouvel
album avec impatience, histoire de voir comment elle réussirait
à se dépatouiller avec une certaine « pression »
qui a perdu plus d’un musicien dans l’histoire de la
musique. En fait disons le d’emblée… carrément
avec les honneurs !
On
a souvent comparé miss Simon à un manchot : mais
ce sont sans doutes des propos de jaloux, qui ont eu du
mal à digérer le spectacle du film la marche de
l’empereur, dont elle a composé la BO primée. On
a aussi souvent comparé Emilie Simon à une Bjork
hexagonale. Et la référence n’est pas tout à fait
inepte, même s’il faut dans ce cas remonter plutôt
aux deux premiers albums de l’Islandaise, plus qu’à
ces productions expérimentales plus récentes. Soit le
mélange entre une voix féminine qui assume son
originalité, et une électronique bien troussée, qui
tente, hésite, tâtonne ou maîtrise, dans le but de créer
un petit univers autarcique.
A ce petit jeu d’univers personnel et autonome,
Emilie Simon remporte haut la main les suffrages.
Sa voix, qui hésite entre le naïf et le narquois fait
mouche sur une électronique qu’on sent qu’elle
domine mieux d’album en album et ses inflexions nous
rappellent une malheureuse concurrent de la machine de
guerre Björk : Ruby, pour ceux à
qui le nom évoquerait encore quelque chose.
Ce
petit monde scruté à la loupe par Emilie Simon,
elle l’appelle végétal. Un microcosme vert,
sombre, où l’électronique arpente le versant pop (de
la plus poétique acception à son côté le plus
« rock ») où on croise, outre la
programmation, du chant
bien sûr, ou encore des guitares, de la batterie, des
percussions, un piano, un rhodes, du senza, des
bouteilles, un vibraphone, un marimba, une basse, une
human beat box, un violon, un alto, un violoncelle, une
flûte… mais aussi semble-t-il des froissement de
feuilles et des bruissements de vent dans les branches.
Un univers musical complexe et recherché dont le résultat
sonne diamétralement et simplement pop donc
ultra-accessible.
Mais
cette petite planète n’est pas faite que de musique.
Les textes y brillent par leur côté poétique et leur
jolie fatalité, leur ironique mélancolie, leur faux
air romantique. A l’instar du camée ornant la
pochette, représentant Emilie, ses histoires
semblent écrites par un Lamartine ou un Musset
alors qu’elles sont en fait l’œuvre d’un démiurge
narquois, contemporain, à la plume affûtée –mention
spéciale à la musicalité des paroles et au choix des
mots- disciple, peut-être, de quelque Tim Burton ou
équivalent.
Pour
quelque raison non clairement identifiable on a comparé
ce végétal, où les gens sont des fleurs et où
les actions semblent s’inscrire dans un cadre
biologique précis qui influerait sur la vie des
protagonistes, au film Angels and insects de Philip
Haas . Là les gens étaient et agissaient comme des
choléoptères. Ici les filles sont fleurs.
Le
résultat est un subtil mélange de poésie, de
romantisme, de grande qualité d’écriture, de chant
très identifiable, de maîtrise des machines sans
surcharge, d’esthétisme… gardant toujours sa cible
en vue : la pop musique ; évitant du même
coup l’écueil du disque intello pour intellos. A découvrir
sans tarder.
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
Alicia
02.
Fleur de saison
03.
Le vieil amant
04.
Sweet blossom
05.
Opium
06.
Dame de lotus
07.
Swimming
08.
In the lake
09.
Rose hybride de thé
10.
Never fall in love
11.
Annie
12.
My old friend
13.
En cendres
Durée
: 50’
05’’
Date
de sortie
: avril 2006
Plus+
La
fiche de Angels and insect sur l’IMD
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