Cat
Power - You are free
Matador/Naïve
- 2003
Cat Power Alias Chan Marshall,
sorte d’égérie de la musique pop indé, bénéficie
auprès de ses fans d’une aura et d’un crédit
respectable sans doute parce que ça musique, aussi dépouillée
soit-elle, a toujours su marier qualité, chaleur et
intimité. Rien de tel pour passer une vie entière en
sa compagnie.
Pourtant Chan Marshall est un genre de fille
qui se situe à des kilomètres des maîtresses-étalon
qui pullulent dans le milieu de la pop. c'est juste une
fille simple qui sait se faire apprécier pour ses
charmes cachés et sa fragilité, une fille qu’on a
envie simplement de prendre dans ses bras pour la réconforter.
Snif... que c'est beau !
A défaut de prendre Chan Marshall
dans nos bras, on écoutera volontiers son dernier album
pour se rendre compte que la môme d’Atlanta est
toujours aussi touchante par son timbre de voix fragile
mais aussi par sa musique délicate, avec des chansons
"rock and roll" juste ce qu’il faut.
Après ses brillantes reprises de Dylan,
Lou Reed ou des Rolling stones sur The
cover Record en 2000, Cat Power revient
quatre ans après son dernier véritable album Moon
Pix avec des compositions toutes neuves et un disque
très varié dans lequel s’entremêlent rock aux
accents eighties, blues et balades country belles et
tristes comme seule elle sait les faire. Se rapprochant
de plus en plus de Bill Callahan (du Smog de
la période actuelle), Cat Power déploie ses
atouts et livre des compositions habillées sobrement
(piano, guitare, samples discrets, violons) le tout
produit, mixé et joliment arrangé par Adam Kesper
dévolu habituellement aux guitares bruyantes des Foo
Fighters et autres Queens of the stone Age.
Sans dénoter des précédents albums, You
are free semble gagner en puissance et rend la
musique de Cat Power un peu plus accessible aux
plus frileux d’entre nous et prouve à ceux qui
sous-estimaient le talent de la jeune fille qu’elle
est capable d’écrire de superbe folk-songs à
l’image des plus grandes. Chaque chanson, même les
plus rock, évoque un climat tourmenté, une dépression
latente. Et derrière cette voix éprouvée, ces
guitares rugueuses ou ces violons amers se cache une
sorte de spleen profond, une forme de résignation vaine
mais tellement belle au fond qu’on ne peut s’empêcher
d’aimer Chan Marshall pour le bien qu’elle
nous procure à l’écoute de ses complaintes si
bouleversantes.
Avec son look atypique et sa coupe de
cheveux qu’on peut situer entre Nico et Françoise
Hardy estampillée 1964, nul doute que Chan Marshall n’est pas une fille comme les
autres. Sa musique simple, ses chansons émouvantes en
sont évidemment la preuve et You are free
constituera sans nul doute l’album de la maturité
pour une Chan Marshall enfin émancipée.
Benoît
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