Troisième
album pour les Américains emmenés par Brice
Randall Bickford II, 27 printemps, originaire de
Caroline du Nord. Première diffusion européenne digne
de ce nom, pour le groupe, qui était diffusé jusque là
par le micro-label américain Tract Records. On retrouve
autour de Randall, pas moins de neuf musiciens, unis dans un même exercice de
réappropriation personnelle d’un genre globalement
bien représenté en musique ces dernières années: la
folk américaine à tendance country, dont le spectre
s’étendrait de Will
Oldam à Neil
Young, en passant par Luna,
Richard Buckner, Lambchop ou Giant
Sand, ainsi que quelques discrètes formations comme
les Zephyrs,
par ailleurs voisins de label.
Si
le genre n’est pas à proprement parler très
novateur, son appropriation par les Strugglers,
toute personnelle a pourtant un sacré potentiel de séduction.
On y est triste, et la lecture du tracklist ci-dessous
donnera un aperçu des thématiques pas toujours rose
qu’aborde l’album. Mélancolique, romantique, mais
bien sûr pas chiant. On ne trouve pas sur you
win trace de production outrancière, hormis un son
parfaitement nettoyé. Seul comptent les compositions,
et la force bigarrée de multiples instruments jouant
ensemble : il y a peu de compositions qui nous
arrivent dépouillées et la multiplicité instrumentale
prévaut souvent. Tout semble ici avoir gardé l’énergie
du live. Le mixage calibré semble absent ou effectué
en prise directe, façon whisky club enfumé, mais sans
public. Un son où la batterie apparaît comme confinée
au fond de la pièce (peu de réverb’, peu d’écho)
et où la voix ne se propage guère. Guitare, piano,
banjo de rigueur, violon et batterie typée sont les
acteurs principaux de l’album.
Des
acteurs qui amplifient le spectre thématique du groupe
aux confins du rock. Des musiciens qui mettent en valeur
la voix de Bickford
(Buckner a un peu la même), forte et sonore, virile, un peu
chevrotante sur les finales de mot ; comme on
s’attendrait à les retrouver sur la moindre compile
de country à l’ancienne, de celle avec le crâne de
vache, le cactus et le Stetson sur
la pochette. Une
voix très typée donc, mais qui ajoute au charme global
de l’exercice et au plaisir d’écoute de you win
A
l’addition de ces neuf titres, on se rend compte
qu’on s’est une fois de plus laissé embarquer,
comme malgré nous, dans une musique codifiée et
finalement peu innovante ; pour cause d’univers
très personnel et d’imaginaire néo cow boy. Bien sûr
on avait juré qu’on ne se laisserait plus prendre
aussi facilement aux sirènes d’un genre abondamment
représenté en musique ces derniers temps, et qu’on résisterait
une fois pour toutes à tout ce qui ressemble de près
ou de loin à un gars en santiag et éperons modernes.
Mais une fois de plus on s’est laissé piéger !
Denis
Verloes
Tracklist
:
01.
The Rejection Letter
02.
Racing Down One Path
03.
Being Shown Blues
04.
The Dissapeared
05.
Necrophilia
06.
The
Cascade Range
07.
I Tried to repair
08.
Distant Demands
09.
You
Win
Durée
: 50'34
Date
de sortie
: novembre
2005
Plus+
Le
myspace du groupe
Le
site officiel
www.acuareladiscos.com
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