Après
un premier roman marquant, Habitus, l'écrivain anglais James
Flint revient avec Electrons
Libres tout en poursuivant sur deux de ses thèmes
fétiches : la quête des origines et la réflexion
sur le progrès technologique.
Programmeur
sur une base militaire américaine en Angleterre,
Cooper James mène une petite vie sans histoire,
sans attache et sans intérêt. Mais sa vie bascule
quand il est mis sous les verrous pour avoir... reçu
les cendres de son père, dont il n'avait pas eu de
nouvelles depuis 20 ans, que les militaires prennent
au début pour de l'anthrax. Et il ne sait pas quoi
faire de ce leg morbide que lui laisse un père qui
l'a abandonné, lui et sa mère pour partir aux États
Unis. Cooper James commence alors à se souvenir de
son enfance passée dans une communauté hippie à
chercher l'amour paternel, puis la vie terne menée
depuis le jour fatal de cet abandon, dont il se sent
coupable. Cooper décide alors de partir en Amérique
sur les traces de son sculpteur de père dont il découvre
l'étonnante passion pour le nucléaire alors qu'il
avait toujours milité contre.
Cooper
entame alors un chemin, non pas vers la vérité,
mais vers le mensonge. Car pour débusquer chaque
pan de la vie de son père, il doit d'abord décrypté
un mensonge laissé en indice derrière lui. James
Flint fait alors traverser l'ensemble des États
Unis étape par étape, comme une initiation lors
d'un voyage qu'il a lui-même effectué comme en témoignent
les photographies qui constellent son roman. A
chaque arrêt, Cooper doit faire face à une galerie
de portraits tous plus truculents les uns que les
autres qui décrivent quelques uns des personnages
les plus loufoques que l'Amérique compte
aujourd'hui. Chacun possède une part de la vérité
que Cooper recherche.
Car,
Cooper doit parvenir à se comprendre lui-même
avant d'essayer de percer à jour la personnalité
de son père. Et donc surmonter ses propres
mensonges. Comme son prénom puisqu'il ne s'appelle
Cooper que depuis le départ de son père,
rebaptiser par sa mère. Avant son prénom était
Ash, soit à la fois en anglais le "frêne",
l'arbre le plus agréable à sculpter selon le père
de Cooper, et "cendre", ce qu'est devenu
au final le père de Cooper/Ash, physiquement et
dans la mémoire de son fils. D'ailleurs on ne peut
que regretter que le jeu de mot du titre anglais The Book of Ash n'ait pas été repris car il retranscrit au mieux
le contenu du livre.
L’intitulé
Electrons
Libres préfère révéler la seconde partie du
livre, à savoir l'obsession du père de Cooper pour
les déchets nucléaires qu'il souhaite transformer
en oeuvre d'art pour trouver enfin la solution à
leur traitement. Ceci s'inspire d'ailleurs d'une
histoire vraie, celle du sculpteur James L. Acord qui transforma des déchets nucléaires en
sculptures. Ceci permet à James
Flint d'aborder son thème de prédilection, à
savoir rien de moins que l'avenir de la civilisation
qui devra être capable de se servir enfin de ses
propres technologies... pour simplement survivre.
James
Flint est un peu un Houellebecq
drôle, avec les mêmes interrogations sur l'humanité,
la noirceur et le désespoir en moins, et le sens du
burlesque de Nick
Hornby en plus. Il est surtout le plus bel
espoir de la jeune littérature anglaise aux côtés
d'un Robert
Mc Liam Wilson, intelligent et truculent,
touchant toujours juste dans son traitement de la
société actuelle.
Julien
Damien
Date
de parution : janvier 2006
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