Portrait
d'une famille américaine, sur quatre générations,
depuis 2004 jusqu'à 1944, de la Californie jusqu'à
l'Allemagne.. et ce à travers le regard de quatre
enfants de 6 ans. L'histoire s'ouvre avec le dernier
de cette famille, Sol, qui plante l'histoire de sa
famille avec des grand-mères bien mystérieuses
(passé trouble, brouille familiale, chanteuse
internationale ou combattante contre le nazisme). Va
suivre l'histoire de son père, Randall, en 1962, et
qui entraînera le lecteur jusqu'en Israël. Ce sera
ensuite au tour de sa propre mère, Sadie, puis de
Kristina, celle par qui "la ligne de faille"
a pointé, a glissé sur les générations à venir.
C'est impressionnant de découvrir la force de ce
secret et son impact sur les uns et les autres. Car
en découvrant que Kristina est en fait une enfant
enlevée à sa famille ukrainienne et élevée chez
des allemands, et ce sous la politique de Himmler (éducation
aryenne d'enfants étrangers qui ont été volés),
va donc pulvériser la destinée des héritiers. La
partie consacrée à Sadie et son fils Randall est
particulièrement la plus captivante. Tous deux
semblent être les personnalités les plus fragilisées
par cette révélation. Et surtout les plus impliquées,
bien malgré eux, à certains égards.
C'est avec classe que Nancy Huston a su
dresser son portrait d'une famille qui, au départ,
ressemblait à la famille américaine de base : basée
en Californie, impliquée dans l'effort de guerre
(en Irak) et fière de son identité américaine,
puissante et conquérante. Le roman est finalement
complètement différent des idées préconçues.
C'est à la fois bouleversant, poignant, révoltant,
terriblement injuste. L'auteur a tenté d'être la
plus neutre possible, et pour cela elle a choisi
d'adopter un regard d'enfant en tant que narrateur.
Et "Lignes de faille" démontre,
bien tristement, que la face de l'Ennemi a changé
au cours du siècle, mais les erreurs se répètent,
les leçons n'étant jamais retenues. Au final,
voici un roman fort intelligent, au procédé
narratif original et ingénieux. Il attache le
lecteur du début à la fin, impossible de le lâcher.
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 18/8/2006
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