Un beau matin d’été, un chef d’entreprise en
faillite qui a décidé de se suicider croise le
chemin d’un colonel veuf éploré qui a eu cette même
« bonne » idée… Le passage à
l’acte est repoussé à plus tard, les deux compères
ayant sympathisé, et décidé d’aller à la
rencontre d’autres « suicidaires »,
car, après tout, un suicide collectif, ça peut
permettre de mieux organiser ses funérailles, de
s’auto-motiver, et surtout de terminer en bande et
en beauté !… Derrière ce prétexte désespérément
drôle (à prendre au sens littéral), Paasilinna
nous livre une épopée burlesque où l’humour
noir avoisine avec des rebondissements plutôt
rocambolesques. Car cette « joyeuse »
bande de désespérés n’a plus rien à perdre, et
comme souvent dans ces cas là, toutes les barrières
et autres ordres moraux sont allègrement franchis !
L’écrivain finlandais Paasilinna sait nous
dépayser avec rien ; ses personnages
iconoclastes, bagarreurs, alcooliques et surtout
profondément humains, sont des régals d’irrévérence !
mais derrière la caricature, on sent toute la
tendresse humaniste de l’auteur, qui sait manier
avec subtilités le trait féroce et le regard
bienveillant. Certes, les digressions (et elles sont
nombreuses !) sont parfois un peu longues, un
peu lentes, toujours brouillonnes… et pourtant, le
rythme est enlevé ! forcément, il se passe
toujours quelque chose… mais les rebondissements
sont parfois un peu besogneuses, comme si elles étaient
prétextes pour l’auteur à continuer à bavarder
sur la vie, la mort, l’amour et dieu sait quoi…
et comme il a l’air bavard et souvent inspiré...
Néanmoins, cette excursion morbide et bravache qui
tourne à la farce burlesque nous fait souvent rire
et réfléchir, ce qui est déjà une réussite en
soi !
Livre à savourer les soirs de spleen, avec un bon
verre de whisky (histoire de rester dans le bain,
plutôt alcoolique, de ses personnages…) – et
qui peut être recommandé aux désespérés, car il
réussirait à redonner le goût à la vie (et à
l’irrévérence !) aux plus suicidaires
d’entre nous. A mettre entre toutes les mains,
donc, car c’est une œuvre salutaire !
Cathie
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