Quand
deux êtres s’unissent pour autre chose qu’une
relation d’amour hétérosexuelle, tout peut
arriver et même un enfant, fruit d’un désir
commun mais contrarié qui devra se s’arranger des
codes et des lois de la société actuelle.
Ils sont deux, ils ont beaucoup d’affection l’un
pour l’autre au point de vouloir faire un enfant.
Mais voilà, le narrateur, (un trentenaire
homosexuel) et sa meilleure amie, Christine, (la
quarantaine célibataire ) ne sont, à priori, pas
vraiment le couple idéal pour ce genre de projet.
Malgré tout ce qui les sépare, ils décident de
s’unir chacun de leur côté, en sachant bien le
parcours et les difficultés auxquelles ils vont être
confrontés.
Roman énergique, parfois drôle mais
toujours très fin, Reproduction
non autorisée
se lit comme une réflexion sur la façon de
concevoir un enfant aujourd’hui, mais c’est
aussi et surtout un regard sur la quarantaine, sur
le temps qui passe et sur les relations
hommes/femmes dans une époque en perpétuelle
mutation qui est la notre aujourd’hui.
Malgré un sujet délicat à traiter, Marc
Vilrouge réussit un roman impeccable. Et avec
une délicatesse constante tout au long des 150
pages que dure le livre, il parvient à jouer sur
les deux tableaux : proposer une comédie
fine et intelligente tout en parlant d’un sujet
grave, le tout sur fond de solitude urbaine.
Mais ce qui est remarquable, c’est qu’ici
l’auteur de juge pas, n’apporte pas de
conclusion hâtive ou définitive, mais propose
juste un regard avec un récit capable éventuellement
de susciter un débat, un réflexion autour du désir
d’enfant et de la façon de le concevoir.
Au fil des pages, on assiste à des scènes très
cocasses. Et on sourit très souvent, notamment
quand, à plusieurs reprises, le narrateur se
retrouve seul, dans sa salle de bain ou ailleurs,
face à lui-même, devant, à la force du poignet,
remplir des seringues de semence mâle, bien décidé
à tout faire pour soutenir la réussite de leur
projet.
Derrière cette histoire, à la
fois grave et légère, on découvre une plume
vive et inventive, un regard est juste et décalé,
et le temps passe finalement très vite à la
lecture de ce récit croustillant et bien écrit que
l’on verrait bien être adapté au cinéma par Woody
Allen.
Après un second roman enthousiasmant Air
conditionné (Seuil – 2002) Marc Vilrouge
prend encore du galon avec Reproduction non
autorisée et prouve, si besoin était, que les
sujets les plus casse-gueule ne sont pas toujours
ceux qui donnent les plus mauvais résultats.
Benoît
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