L’affaire
du Dahlia Noir, en 1947, fut le point d’orgue
d’une série de meurtres de femmes non élucidés,
tous situés à Los Angeles et ses alentours, des
années 40 aux années 60. L’assassinat d’
Elizabeth Short, rebaptisée le Dahlia Noir par la
presse, dont on retrouva le corps proprement coupé
en deux sur un terrain vague, donna lieu à toutes
les spéculations quant à son auteur. James Ellroy
en fit un livre, librement adapté de ce fait divers
particulièrement sadique qui marqua durablement les
esprits du tout-Hollywood des années 50.
Cinquante
ans plus tard, à la mort de son père, un
ex-inspecteur des Homicides de Los Angeles
reconverti en détective privé, Steve Hodel, a la
surprise de découvrir une photo d’Elizabeth Short
dans un carnet paternel. Il en identifie le décor
à l’arrière-plan, qui n’est autre que l’un
des domiciles où il a vécu, enfant. Steve Hodel a
peu connu son père, un homme énigmatique et
tyrannique, réputé pour son esprit brillant, qui a
exercé les métiers les plus divers avant de
devenir un chirurgien réputé.
La
découverte de la photo d’Elizabeth Short dans les
archives paternelles va être le déclic du début
de l’ enquête minutieuse de Steve Hodel, sur les
traces du passé trouble de ce père méconnu et de
ses relations probables avec le Dahlia Noir. En tant
qu’ex-inspecteur du L.A.P.D. (Los Angeles Police
Department), Steve Hodel a eu accès au dossier de
police du Dahlia Noir. A partir de ce dossier, étrangement
incomplet, il part en chasse, se plongeant dans le
Los Angeles corrompu des années 40. Homme de méthode,
il alterne les chapitres consacré à la personnalité
de la victime, les faits recueillis par la police et
les révélations sur la vie étrange et morcelée
de son père dont il parvient à reconstituer le
sombre puzzle. Il met en lumière les protections et
l’impunité dont celui-ci a bénéficié au sein même
de la police, alors que sa culpabilité était prouvée.
Steve
Hodel est peut-être un mystificateur. Dans ce cas,
il s’est donné les moyens de l’être, tant son
récit est imparable de précision, à la manière
d’une Patricia Cornwell dans son enquête sur Jack
l’Eventreur. Sans jamais verser dans le
sensationnalisme, son enquête reste pudique :
il aurait été facile d’accumuler les détails
sanglants, les photos macabres. L’auteur a préféré
s’attacher à réhabiliter les victimes, salies
par la presse, reconstituant leur humanité, tel un
fils coupable des méfaits de son père, dont la
personnalité maléfique éclate à chaque page.
Imparable et dérangeant, un pavé de 732 pages qui
remplira efficacement les longues soirées
d’hiver.
Isabelle
Meursault
Date de
parution : 24
août 2005
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