Dans
une maison de pierre, isolée de l'extérieur, coupée
du moindre bruit, mis à part le chant des cigales,
Charlotte s'ennuie. Il fait trop chaud, elle
n'arrive pas à dormir la nuit, ses enfants
l'encombrent et elle ne parvient plus à aligner le
moindre mot. Son mari Jacques travaille, tente de
lui adoucir son quotidien, la pousse à sortir, en
vain. Charlotte lui reproche de l'envahir, de
ramener avec lui le roulement de l'extérieur. Tout
l'oppresse, même ce troisième enfant qui pousse
dans son ventre. Elle n'en peut plus, elle veut
partir, mais elle ne peut pas.
Ce premier roman de Sophie Lasserre a l'effet
d'un rouleau compresseur. Archi minimaliste et
intimiste, très court (seulement 88 pages), placé
dans un huis clos étouffant, accentué par
l'impression caniculaire de ce mois d'Août,
ce roman percute et écorche. Il est écrit dans un
style dépouillé, économe et direct en plein cœur.
Il dépeint la dérive d'une femme de trente-six
ans, mariée et lassée, mère par dépit, déçue
par la maternité, le mariage, etc. Et enchaînée
à sa vie, consciente de ne pouvoir tout quitter,
pour cause de bienséance. L'habitude la tue,
l'ennui la consume et la trahison, fatalement, la détruit.
A petits feux, cette histoire nous brûle et nous
emporte. L'orage va gronder, mais quelle issue ?..
Absolument envoûtant, terrible et irréversible !
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : mars 2006
|