Je
suis une femme seule, j'ai quarante ans, je vis
confortablement dans un appartement au coeur de
Paris. Et j'en ai fini avec le sexe, pour de bon.
C'est la parole de la narratrice, qui s'adresse à
un homme, inconnu du lecteur. Elle lui raconte son
expérience excitante d'avoir flirté avec son
voisin d'en face, cet inconnu qui a introduit son
intimité, sans jamais se dévoiler. Un jour, elle
est apparue nue dans le salon et elle a bien senti
qu'on l'observait, en face. Troublée, elle a eu le
besoin de "se donner" à cet anonyme qui a
su émoustiller son désir. Elle croyait en avoir
fini, c'est tout autre chose qui commence :
l'apprentissage du désir, les sens en éveil,
l'attente du regard, le besoin de se livrer à
l'inconnu. Il est "celui d'en face", celui
qui compte pour elle, "ce que je voulais, c'est
qu'il me regarde, qu'il pose les yeux sur moi, de
loin, à l'affût, et qu'il me voie m'offrir".
Le jeu qu'elle joue est celui du chat et de la
souris. Un homme et une femme se guettent, s'épient
et se contemplent. Les préliminaires ont été
absous, il y a une volonté explicite dans l'art d'être
désiré, c'est cru dans les gestes, mais élégant
dans les paroles. Car Gabrielle Ciam a renoué
avec l'érotisme, comme dans son premier roman "Le
train de 5h50", où il était question
aussi d'observation et de fantasmes fous. "Celui
d'en face" n'est pas obscène, et la
narratrice parvient à attiser sa flamme par sa
confession à son interlocuteur inconnu. La fin est
charmante, on attend quelle suite l'affaire a donnée
!... En attendant, ce 3ème roman de Gabrielle
Ciam est capiteux, impudique, affriolant...
enfin bref, ce sont les femmes qui en parlent le
mieux ! Lisez-le !
Stéphanie
Verlingue
Date
de parution : 7/9/2006
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