Martin
Page - Comment je suis devenu stupide
j'ai
lu - 2002
Tout comme une belle pochette de disque, une jolie affiche
de film peut vous interpeller et créer une envie, je
dois ici avouer que c’est d’abord le titre de ce
livre qui m’a attiré et conduit à le lire. Bien
m’en a pris.
Pour ce roman, ce jeune auteur né en 1973 a choisi un
sujet pour le moins original mais toutefois très ancré
dans la société actuelle, lui autorisant par là-même
un brillant décryptage de nos agissements et partant
une vive critique de ceux-ci, pas mal teintée
d’ironie.
Le héros du livre est Antoine, un jeune Parisien qui
souffre de sa trop grande lucidité à sans cesse se
poser des questions sur le monde et ses occupants, à
tenter de trouver une place au sein de cette société
souvent décérébrée et matérialiste. Cette
introspection permanente l’amène à un certain
isolement amoureux et sociétal, hormis quelques amis régulièrement
vus dans un restaurant islandais à la cuisine fort
curieuse.
Accusant donc ses propres facultés intellectuelles qui le
conduisent à un tel retranchement, Antoine considère
qu’il est grand temps de s’intégrer. Après avoir
expérimenté sans réel succès deux premières voies :
l’alcoolisme et le suicide, il décide tout simplement de renoncer à sa propre intelligence et
donc de devenir stupide.
Et c’est ce renoncement d’ Antoine qui va servir ici à
Martin PAGE de violent, mais drolatique en
diable, réquisitoire contre cette société actuelle
d’apparence, de superficialités et de bonheurs
artificiels et matériels. En quelques phrases acérées
comme un scalpel, l’auteur ridiculise finement et
efficacement les comportements de toute une catégorie
de gens bien comme il faut.
Ne voulant en rien déflorer ce que l’avenir réserve à
Antoine, je dois dire qu’en un peu plus d’une
centaine de pages, l’auteur a su faire preuve de pas
mal d’imagination et aussi de réflexions, le tout
servi par une écriture fluide, sans prétentions
particulières.
Décapant et souvent caustique, ce livre que je trouve très
réconfortant et salvateur emporte définitivement
l’adhésion car il prouve une fois encore que
l’humour est plus que jamais la politesse du désespoir.
Patrick
B
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