Stephen
Mc Cauley - Et qui va promener le chien ?
Editions
10/18 - Domaine Etranger 1997
Depuis plusieurs années, le roman américain qui décrit
l’existence souvent chaotique des générations
trentenaires a le vent en poupe avec des auteurs comme Jay
McINERNEY et plus récemment Armistead MAUPIN
dont on ne rappellera plus ici le succès – sans doute
surestimé – des Chroniques de San Francisco.
L’auteur dont il est question, même s’il situe ses
romans aux Etats-Unis, est aussi très influencé par la
culture européenne : d’abord par ses origines (père
irlandais et mère italienne), ensuite par ses différents
séjours en Europe, dont notamment une année passée à
l’Université de Nice.
Aujourd’hui, il enseigne l’écriture à
l’université Brandeis de Cambridge dans le
Massachusetts.
Après L'objet de mon affection (1989) et L'art
de la fugue (1993), il nous entraîne de nouveau
dans son univers décalé où les personnages n'avancent
dans la vie qu'en trébuchant. Clyde le narrateur,
trente-cinq ans, traîne ses frustrations d'homosexuel
solitaire à travers l'appartement bostonien qu'il
partage avec Marcus, un tombeur hétéro, intello et
glandeur. Côté famille: une sœur névrosée, une nièce
inclassable et un père monstrueux. Côté cœur: un
ex-petit ami qu'il voudrait reconquérir pour pouvoir à
son tour le plaquer. Côté boulot: un poste de
professeur de littérature dans une Académie parallèle
pour adultes. Il est notamment chargé du cours « Amour
et mariage, chevaux et attelages: aspects relationnels
dans le roman du XIXe siècle » ... Bref, de quoi déprimer
ferme, à moins d'avoir, comme Clyde, un sens aigu de
l'humour et de l'autodérision.
Remarquable chroniqueur de mœurs, Stephen McCAULEY
a l'art de sublimer le quotidien le plus prosaïque et
de rendre universelles les errances de ses héros. Il
est le romancier d'une génération - celle des enfants
nés dans les années soixante. On se sent tellement en
famille parmi ses personnages que leurs gaffes et leurs
renoncements en deviendraient presque sympathiques.
D’une écriture fluide, mais certes pas bâclée, Et
qui va promener le chien ? oscille tour à tour
entre le rire et les larmes, alternant situations
parfois burlesques et introspections douloureuses et se
lit en définitive en quelques heures.
Patrick
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