Quelques
questions à propos de son dernier roman L'anchantée...
Malgré
son titre, il y a beaucoup de désenchantement
dans votre livre. Cela correspond t-il à votre
nature, votre vue du monde ?
Pour
être désenchanté, il faut a priori avoir été « enchanté », ce qui n’est pas
mon cas. Optimiste désespéré ou pessimiste
hilare, j’alterne selon les circonstances.
Et
trouvez-vous réellement le genre humain aussi désespérant ?
Le
genre humain considéré à l’instar d’une
foule n’est pas désespérant mais lassant tant
il inspire de la pitié. En revanche, les
individus me passionnent. Chacun d’eux est une
île déserte.
Votre
texte est émaillé de mots rares, anciens ou
inusités. Quelles en sont les motivations ?
Pourquoi
devrais-je baisser la nuque au point de
m’aligner sur la vulgarité ambiante et ses 500
ou 600 mots ? Je n’emploie pas un mot rare
ou inusité pour produire un effet, mais parce que
celui-ci s’impose par sa précision ou sa
sonorité.
Quelques
pages rendent hommage à des écrivains oubliés
et d’autres tracent un portrait au vitriol
d’un écrivain mondain. Est ce une manière de réhabiliter
une certaine forme d’écriture ?
Julien
Gracq prétend que « la chance de Mallarmé
a été de toujours avoir cinq lecteurs prêts à
mourir pour lui ». Un véritable écrivain
ne peut pas être l’homme-sandwich de son œuvre
s’il se respecte et respecte ceux qui le lisent.
Evoquer des écrivains méconnus est une manière
pour moi d’honorer ma dette envers eux. Aimer un
écrivain implique de se comporter en passeur.
Les bonnes nouvelles sont si rares !
Vous
avez le sens de la petite phrase, sonnant comme
des aphorismes ou des vérités, ce qui donne un
style épuré et tranchant. Est ce un choix, une
volonté ?
Un
auteur, quel qu’il soit, c’est avant tout un
style. Faute de quoi il n’est pas un écrivain
mais un écrivant. N’ayant pas de souffle, vous
comprendrez que j’accorde mes phrases à ma
respiration.