Auteur d’une vingtaine de romans de science
fiction et de nombreuses nouvelles, Alain Le Bussy
signe avec Les otages de la Dent Blanche
son premier polar. On rentre très vite dans
l’atmosphère angoissante de cette histoire :
un hameau suisse ravitaillé par les corbeaux et où
le père Mestre, vieillard ténébreux, règne en
patriarche, accueille différentes personnes
pensant passer là des vacances de Noël calmes et
reposantes. Parmi elles, un écrivain
antipathique, solitaire et porté sur la
bouteille, un médecin et sa femme, un groupe de
jeunes routards, une vieille journaliste et un
couple de retraités avec leur petit-fils et…
l’ombre, mystérieux personnage invisible dont
on ne connaît ni l’âge ni le sexe ni les
motivations et qui, bien qu’il n’ait pas été
invité, compte bien mettre de l’ambiance au
village. Et
quelle ambiance !
Jusqu’ici, le scénario nous rappelle bien des
romans d’Agatha Christie : une série de
personnages n’ayant rien en commun –tout au
moins en apparence- est réunie en un même lieu
et menacée par un même danger. Je pense
notamment aux fameux « Dix petits nègres »
ou même à « Mort sur le Nil »
mais ici, on comprend vite que l’assassin
n’est pas à rechercher parmi les invités, ce
qui peut être un peu frustrant pour le lecteur désireux
de mener sa petite enquête à l’instar d’un
Hercule Poirot.
L’ombre a donc décidé de mettre à exécution
une mystérieuse vengeance : terroriser les
vacanciers en installant dans chaque chalet des pièges
mortels très imaginatifs.
L’écriture de Le Bussy est précise comme un
script (on imaginerait d’ailleurs très bien une
adaptation cinématographique du roman) et les
points de vue changent à chaque chapitre,
permettant ainsi au lecteur de bien s’imprégner
des différents protagonistes. On peut toutefois
regretter que l’auteur s’attarde un peu trop
dans la description de certains personnages,
des descriptions qui n’ont au final
aucune utilité pour le récit. Cette alternance
dans les présentations dure jusqu’au chapitre 9
où survient le premier incident, l’incendie
d’un des chalets. A partir de cet instant, les
personnages qui demeuraient jusqu’alors chacun dans leur chalet, vont
entrer en contact les uns avec les autres, émettant
soupçons et hypothèses, s’engageant sur de
fausses pistes sans jamais avoir de certitudes
jusqu’à ce que l’un d’entre eux fasse une découverte
décisive.
La tension va crescendo, chacun vivant dans
l’angoisse de tomber dans l’un des pièges
tendus par l’ombre ; aucune échappatoire
n’est possible, le hameau étant bloqué par une
avalanche et tout contact avec l’extérieur
ayant été rendu impossible par l’ombre.
C’est là que l’on saisit tout le talent de scénariste
de Le Bussy et le choix judicieux du titre car les
vacanciers se retrouvent vraiment pris en otage
par un ravisseur dont ils ignorent l’identité.
Vous l’aurez compris, la lecture de ce roman, pas si
mal pour une première incursion dans le genre du
polar, fut très plaisante.
-
- Marie-Noëlle