Qu'est-ce
donc que cette LQR,
cette Lingua
Quintae Respublicae? Pour Eric Hazan, il
s'agit de tous les abus de langage, les néologismes
et autres détournements de sens qu'utilisent au
quotidien les hommes politiques et les médias, mêlés
et complices. Pour faire dans la traduction latine,
la LQR est surtout la langue officielle de la 5e République
agonisante, certainement déjà morte depuis
longtemps selon l'auteur de cet essai. Car pour lui
la République 5e du nom a été vidée de son sens
comme les mots "modernité", "réforme",
"valeurs universelles" qui débordent de
la bouillie de la communication moderne.
Si le détournement de sens est le vice le plus
visible, les euphémismes n'en sont pas moins
graves. Par exemple, pourquoi les "exploités"
deviennent "exclus"? Personne ne sait. Ce
qui est sûr c'est que malgré ce terme on ne
cherche pas les responsables, ni de quoi ils sont
"exclus". De la société? Du droit au
bonheur, à l'existence même? Malgré la sémantique,
il est clair qu'ils sont pourtant toujours bel et
bien exploités !
En tout cas, ce genre de négation participe au
climat amorphe et inefficace actuel, qui préfère
les mots nouveaux telle "la
gouvernance" qui ne veulent rien dire à une
quelconque action. L'analyse d'Eric Hazan n'épargne
personne. Gauche et droite se confondent et se mélangent
dans cette même langue abjecte insensée, et pire,
les médias participent eux aussi à cette
propagande linguistique en reprenant la même langue
que ceux qui l'ont inventé. Là où Eric Hazan
abuse lui aussi de la langue française est quand il
voit là une situation à la "Big Brother"
cherchant à tout prix à abrutir le peuple en lui
servant une soupe facile à comprendre à la télévision,
mais qui ne nécessite ni son jugement, ni une
quelconque réflexion. Encore moins qu'il ne
descende dans la rue bien évidemment.
Et les responsables de ce complot de littérateurs,
où sont-ils? Ce sont les vilains libéraux, les
affreux patrons partis en croisade main dans la main
avec les hommes politiques et les journalistes.
C'est quand ces thèses visiblement marxistes
apparaissent qu'Eric Hazan s'éloigne de la
raison. Sa présentation des faits et sa première
analyse touchent juste. Son interprétation
politique est elle en revanche plus discutable... à
moins que cela ne soit pire et que l'essayiste ne
nous décrive ce que deviendra la France dans 20
ans. Là, la LQR deviendrait vraiment inquiétante.
Même si son état actuel de langue officielle de la
langue de bois et des promesses en l'air n'est pas
plus enviable ou honorable.
Julien
Damien
Date de
parution : février
2006
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