Passé
parfait est le premier
roman de la tétralogie de Padura Les
quatre saisons. C'est
donc ici qu' on fait la connaissance des personnages
familiers du héros, le lieutenant Mario Conde : il
y a le Vieux, commissaire et grand amateur de
havanes, Carlos el Flaco, le meilleur ami de Conde
avec qui il partage son penchant pour le rhum et sa
passion pour le base-ball et Joséfina la mère de
Carlos qui mitonne des petits plats cubains comme
personne.
L'histoire
commence un 1er janvier 1989 à La Havane. Mario
Conde, le flic célibataire et désenchanté est
chargé d'enquêter sur la disparition de Rafael
Morin Rodriguez, un ancien camarade de collège.
Cette mission ne l'enchante guère car elle va
l'obliger à remuer la foutue nostalgie des
souvenirs de son « passé parfait » où
Rafael, agaçant beau gosse à qui tout réussit a,
de surcroît, épousé Tamara, l'amour d'enfance de
Mario.
Malgré que tous les ingrédients du roman policier
semblent réunis, ce livre n'appartient pas vraiment
au genre du polar. Pour moi, c'est un roman
d'ambiance et de nostalgie. L'intrigue avance
d'ailleurs lentement et Padura préfère s'attarder
sur les détails de la vie du quartier populaire d'où
est originaire son personnage central et nous livrer
une vision assez critique de la société cubaine.
L'enquête confiée à Conde est l'occasion pour lui
de revenir sur son adolescence à la Havane au début
des années 70, époque de tous les possibles et
c'est avec un délice quelque peu masochiste qu'il
ressasse ce passé finalement marqué par ses premières
désillusions politiques et amoureuses. Et ce que
Mario Conde va découvrir en fouillant le passé et
les drôles d'affaires du trop parfait Rafael Morin
ne va pas changer son amère vision de la société.
Morin représente exactement ce que Conde déteste,
un type à l'allure trop lisse qui a su, à force de
compromissions, accéder au pouvoir.
Sans faire un roman engagé, Léonardo PADURA
dénonce subtilement la corruption des élites et
les déchirures marquant aujourd'hui la société
cubaine, peinture bien éloignée des photos de
papier glacé de catalogues touristiques.
Même
si j'ai été un peu déçue par la paresse avec
laquelle PADURA construit son intrigue, je n'en ai
pas moins été charmée par la tendresse mélancolique
avec laquelle il traite ses personnages.
Marie-Noëlle
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