Dans
le cadre de ses études à l’Institut Supérieur
de Gestion, Alexis Brane a effectué des séjours
à l’étranger, dont quelques mois au Japon, pays
qui l’ensorcelle totalement. A son retour, il décide
d’exprimer à travers l’écriture d’un premier
récit le choc ressenti, comme il le confie :
« Cela
faisait plus d’un an que j’étais revenu du
Japon et je ressentais un besoin très fort au fond
de moi-même. J’avais besoin d’écrire, de
partager. C’était une nécessité absolue. »
La
quête japonaise
met en scène un jeune étudiant Alex, solitaire et
mal dans sa peau, abandonné dans une école à la
suite du suicide de son père et du départ précipité
de sa mère pour le Japon. Ne supportant plus cette
vie monotone, il part pour le Japon avec un message
sibyllin laissé par sa mère. Passé le premier
contact détonnant et déstabilisateur avec le pays,
Alex se lie d’amitié avec un voisin et enquête
sur le destin étrange de ses parents. Cette
recherche l’amène dans les milieux interlopes
nippons où règnent les Yakuza, détenteurs éventuels
des clefs de son destin.
Ce
court récit tient à la fois du roman policier avec
suspense et du cours de civilisation japonaise :
de nombreuses indications sur les modes de vie
surprenants nous sont communiquées. Alexis Brane
dit être parti au Japon la tête pleine de clichés
que sa confrontation avec la réalité lui a permis
d’évaluer pour mieux les rejeter. On regrette que
la sensation éprouvée là-bas ne se reflète guère
dans le livre, qui multiplie les lieux communs dans
une présentation touchant plus à l’exposé et à
la rédaction qu’à une tentative littéraire.
La
trame probablement inspirée par la propre expérience
de l’auteur pourrait donner un roman captivant et
dépaysant, pour peu qu’on épaississe davantage
les personnages et qu’on s’éloigne du dépliant
touristique. Il faudrait au moins pour Alex qu’il
soit fouillé plus en profondeur et que ses fêlures
et ses contradictions soient plus disséquées.
On
ne croit pas longtemps à la transformation radicale
du garçon maladroit et timide en un pourfendeur de
la vérité prêt à affronter tous les dangers, ici
symbolisés par un mafieux que tout le pays redoute.
Une histoire dont la simplicité extrême et
l’aspect naïf et puéril serait comme une sorte
de Tintin chez les Japonais.
Néanmoins,
pas de doute possible quant aux bonnes intentions du
jeune Brane que sa fascination sincère et
fort compréhensible du Japon a paralysé et guère
inspiré. Pour être auteur, il faut certes avoir
quelque chose à raconter ou l’envie de le faire
partager. On admet que c’est le cas. Mais il faut
aussi avoir, et c’est la condition sine qua non,
un début de style. Pour l’instant, Alexis
Brane est encore trop proche et donc trop marqué
par ses études récentes et on exprimera quelque
indulgence pour des défauts de jeunesse.
Il
lui reste à franchir le pas périlleux et décisif
qui le fera passer du statut de bon élève ouvert
et curieux, dont la fraîcheur et la spontanéité
sont indéniables, à celui d’auteur personnel
livrant autre chose que des impressions de voyage,
aussi renversantes puissent-elles être.
Patrick
Braganti
Date de
parution : 7/2/2005
Editions
de l’Officine
45
rue des Petites Ecuries
75010
Paris
Tel :
01 40 22 63 05
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