Dans
un Manoir proche de Paris, à Vigny-sur-Seine, une
bande du 3ème âge a décidé de prendre sa
revanche et de monter une armée de résistance
contre la société, le gouvernement et la République.
Il y a, à son bord, Raphaëlle, une bourgeoise
abandonnée par son tyran de fille, Céleste, un écrivain
qui a longtemps abandonné sa plume contre les jeux
vidéo et les films porno, et Hector, qui débarque
dans son smoking blanc et ses millions gagnés au
loto. Ils sont encore quelques-autres à constituer
la bande du Manoir, mais ces trois personnages sont
les plus importants. C'est à leur manière qu'on
suit l'histoire, par leurs témoignages respectifs,
et qui ne manquent jamais de piquant. La vision «
des choses » prend page après page une tournure
complètement différente, elle s'éclaire,
s'illumine et provoque de grands éclats de rire, en
plus d'une envie (mitigée) de faire la grimace.
Mais qu'arrive-t-il à ces pépés et mémés qui,
brusquement, se redécouvrent des envies de sexe,
pur et dur. Pas de l'amour, du sentiment, de la
tendresse et une compagnie pour soulager les vieux
jours, oh non ! Ces trublions lèvent les pattes,
s'envoient en l'air et se moquent éperdument des
gros titres dans les journaux. La France se gausse,
le pays jase, les gens s'offusquent, mais le public
en redemande. Car cette petite bande (bafouée, mal
traitée, menacée et privée de nourriture) a un
chef de fil hors du commun, il s'agit de Rhésus, un
petit singe extraordinaire et qui réveille chez ce
club du 3ème âge des envies de renouveau, de «
recommencement ». C'est aussi lui qui aidera les résidents
du Manoir à tenir les barricades, à faire front
contre l'incursion de l'extérieur, pour des raisons
déjà nommées plus haut.
Avec « Rhésus », Héléna Marienské
parvient à bousculer les esprits frileux de la
rentrée. Son premier roman est époustouflant,
prometteur d'une franchise et d'un culot fédérateurs.
Qu'on se régale dans cette histoire ! Car on en
voit de toutes les couleurs, ça y va dare-dare dans
la frénésie sexuelle, on ne fait pas dans la
dentelle et on enlève ses gants de soie en évitant
les discours mielleux et lisses sur les personnes âgées.
On brise les carcans, les idées « pudibondes »,
ça vole en éclats ! Quel exploit : sur un sujet
aussi casse-pipe, la pente était dangereusement
glissante mais Héléna Marienské a su éviter
les pièges et s'en tire avec dextérité. La fin
apporte une note une peu moins truculente par
rapport aux 3/4 du roman, et c'est juste un peu
dommage mais cela n'enlève pas l'impression de
jouissance ressentie depuis le début. Pour en
prendre plein les mirettes, je vous conseille honnêtement
d'ouvrir ce livre ! De plus, j'ai oublié de préciser
que c'est très drôle !
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 21 août 2006
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