...Cela m'est difficile de le reconnaître, mais je n'ai pas aimé ce
nouveau roman de Ian McEwan.
Difficile pour moi d'admettre cet échec car j'apprécie
beaucoup les histoires de cet écrivain, un auteur
que je trouve admirable et dont le talent littéraire
est d'emporter son lecteur dans des situations étouffantes
et proches du délire obsessionnel... Pour Samedi,
j'ai eu le sentiment qu'il venait d'écrire son Mrs
Dalloway. Or je n'ai jamais aimé ce roman de Virginia
Woolf, peinant à suivre les pérégrinations
d'une dame élégante dans les rues de Londres... Ian
McEwan vient de reproduire mon cauchemar
avec son personnage Henry Perowne, un
neurochirurgien réputé qui approche de ses
cinquante ans et mène une vie merveilleuse :
mariage heureux qui dure depuis vingt ans avec
Rosalind, la femme qu'il aime et avec qui il a eu
deux enfants, Theo, jeune musicien talentueux, et
Daisy qui rentre de Paris suite à la prochaine
publication de son recueil de poèmes. Ce samedi, il
se réveille quelques heures avant l'aube et aperçoit
par la fenêtre un avion en feu. Des bouffées
d'angoisse le prennent, nous sommes en février
2003, les spectres du terrorisme sont dans les rues
de toutes les capitales du monde.
Le roman raconte donc une journée dans la vie
d'Henry Perowne, le 15 février 2003, plus
exactement, un samedi comme les autres : câlins
dans le lit conjugal, partie de squash avec un confrère
anesthésiste, courses dans les beaux quartiers,
visite à sa vieille mère dans un hospice de la
banlieue et dîner en famille. Puis les clashes
surgissent : un avion en feu, une manifestation
contre la guerre en Irak, un banal accrochage et la
violence qui s'introduit dans son foyer protégé.
"Henry aura beau tenter de reprendre le fil
de sa journée, ses vieux démons et le chaos du
monde le rattraperont sans cesse durant ces
vingt-quatre heures, au terme desquelles plus rien
ne sera jamais comme avant." (quatrième
de couverture).
Il faut attendre longtemps avant que ne surgisse
l'action capitale, d'où mon amertume. En attendant,
les nerfs sont mis à rude épreuve, on attend
beaucoup, et on espère autant. J'ai donc une
certaine déception avec ce roman, partout qualifié
comme étant l'œuvre où "le romancier
parvient à la plénitude de son talent". La
qualité est effectivement incomparable, mais l'intérêt
lui se fait un peu mousser... Juste un peu dommage.
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 5/10/2006
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