Sébastien Japrisot - un
long dimanche de fiançailles
Folio
n° 2491 - 1993
Récemment décédé à
l'âge de 71 ans,
l’écrivain Sébastien Japrisot, même s’il
ne constitue pas un écrivain majeur pour la littérature
classique, a su se faire un nom dans le milieu du polar
grâce à une écriture efficace et prenante avec
notamment un grand sens de la construction scénaristique.
Mais Japrisot était également un remarquable
auteur de scénarii pour le cinéma. Il a réussi, grâce
à quelques films, L’été meurtrier notamment,
à s’affirmer comme un auteur qui compte. Il était
donc intéressant de revenir à l’occasion de cette
disparition sur un de ses
romans les plus aboutis : Un long
dimanche de fiançailles.
Couronné par le prix interallié en
1991 et bien accueilli par le public (vendu à plus
d’un million d’exemplaires) Un long dimanche de
fiançailles raconte l’histoire de cinq
soldats français condamnés à mort en conseil de
guerre, jetés dans la neige de Picardie, un soir de
janvier 1917, devant la tranchée ennemie, pour qu'on
les tue.
En parallèle, Mathilde éprise d’un des cinq disparus
veut savoir la vérité sur cette tragédie. Elle va
mener son enquête et se mettre en quête de l’amour
perdu.
Dans un style très cinématographique, Japrisot
navigue sans qu'on s'en aperçoive, du passé au présent,
multipliant les flash-back entre déroulement de l'enquête
et le pourquoi de cette enquête : la jetée en pâture
des cinq soldats à la tranchée adverse.
Fourmillant de détails historiques précis
sur les conditions de vie des soldats de l’époque, ce
récit, en plus d’être une véritable œuvre
romanesque nourrie par la passion et la perspicacité de
l’héroïne Mathilde, est également un témoignage
bouleversant sur l'horreur banale de l’hiver 1917 sur
le front de la Somme.
A la fois sombre et déprimé mais aussi
totalement éblouissant par une certaine forme de grâce
littéraire qui lui confère, Un long dimanche de
fiançailles est une œuvre unique et
absolument captivante pour celui qui prendra la peine de
s’y plonger. Pourvoyeur d’images mentales puissantes
et tenaces, ce roman ne quittera pas l’esprit de son
lecteur pendant longtemps.
Et c’est sans surprise que l’on
apprendra l’adaptation cinématographique dont fait
l’objet ce roman. C’est Jean-Pierre Jeunet
(Monsieur Amélie Poulain) qui s’est attaché
à retranscrire sur pellicule l’émotion intacte qui
émane de ce livre. Espérons que l’adaptation de
Jeunet soit à l’égal du roman. Espérons…
Benoît
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