Jake
Skowran est le héros de cette histoire, plutôt
l’anti héros, celui d’une Amérique qui fout le
camp et qui laisse sur le carreau des milliers
d’employés victimes des délocalisations et
d’un libéralisme économique ravageur.
Pourtant,
Jake était plutôt heureux quand il travaillait
dans l’usine qui l’employait. C’était un
employé honnête et sans histoire. Mais voilà
quand on se retrouve au chômage, on ne voit plus
les choses de la même manière... Paumé, endetté,
il ne voit d’autre solution que celle d’accepter
un petit boulot, pas bien compliqué que lui propose
son bookmaker Ken Gardocki à qui il doit une petite
fortune.
Jake
doit simplement tuer
la femme de Ken qui le trompe avec un pilote. Malgré
l’énormité de la proposition, Jacke accepte sans
sourciller et sans état d’âme car il sait que
s’il veut s’en sortir c’est la seule solution
pour lui. Alors froidement il va exécuter le
contrat. Mais un crime va en entraîner un autre et
très vite Jake se révèle être un tueur à gage
cynique sans arrière pensée qui va exécuter
froidement les missions pour lesquelles on le paye.
Incontestablement,
Un petit boulot présente toutes les caractéristiques
et les qualités du
roman noir contemporain dans lequel l’arrière
fond social constitue une donnée majeure pour
l’histoire et dans lequel le personnage doit
survivre comme dans une jungle où règne la loi du
plus fort. Histoire solide, humour décalé et
cynique, ce roman est une vrai réussite tant au
niveau de la forme que du fond. Il s’inscrit
d’ailleurs dans la grande tradition du genre, avec
en toile de fond une dénonciation de la société,
du capitalisme.
Très
cinématographique dans sa construction et dans
l’univers qu’il dépeint, Un
petit boulot ramène
inévitablement à des films du cinéma noir américain
tels que Fargo, Un plan simple. On
pense aussi au romancier Donald Westlake,
proche de Levison dans la façon de traiter
le sujet, notamment dans son roman Le couperet (cf
chronique).
Partiellement
autobiographique, ce roman est le premier de Iain
Levison, un jeune auteur qui a connu les mêmes
galères que son héros, mais sans toutefois en
arriver aux même fins. Vivant aujourd’hui à
Philadelphie, il prépare un second roman. Espérons
qu’il connaisse le même succès d’estime que
celui-ci.
Benoît
|