La rencontre entre un homme
vieillissant, Simon, et la fille d’un vieil ami,
en quête de renseignements sur un père qu’elle
n’a pas connu, telle est la mince trame de ce récit,
tout entier consacré à l’énumération
fastidieuse des conquêtes féminines du personnage,
reflet transparent de l’auteur. Celui-ci, qu’on
nous présente comme un « membre éminent de
la société civile », déjà auteur de
plusieurs romans par ailleurs, a choisi cette
fois-ci d’écrire sous pseudo. Air connu : un
« auteur masqué » qui nous déballe sa
vie sexuelle (même pas exaltante) sous le
personnage d’un petit bourgeois vieille Rive
Gauche, libertin égotiste et redondant. Un titre
prometteur et une couverture accrocheuse : joli
packaging, à la hauteur de la déception qu’entraîne
l’ouverture du paquet.
On s’emmerde. Un inventaire
soporifique de prénoms féminins, d’aventures
banales que l’auteur tente pathétiquement de
sublimer par l’évocation de lieux parisiens tels
que Lipp ou le Flore, qui ne font plus rêver que
lui, une imagerie et des références ringardes
servies sur fond de clichés masculins éculés. Des
notes de bas de page interminables et pénibles, une
prose vaguement pompeuse, et cette ronronnante
autosatisfaction qui suinte à chaque page :
tous les ingrédients pour agacer très vite. Le
personnage est bien le seul à bander, (il le répète
avec tant d’insistance que c’en est touchant,
pathétique malgré lui) dans ce rabâchage de
souvenirs aussi excitants qu’un colin froid en
mayonnaise.
Simon, le personnage/auteur,
fait preuve d’autant de passion qu’un crustacé,
pas d’états d’âme, pas d’humour, ou bien
involontaire, comme sur la quatrième de couverture
où l’auteur évoque ses « rares certitudes
inébranlables nées de (sa) connaissance intime du
réel » et son « désir gratuit mais impérieux
de vouloir écrire un livre SAIN. » De la
bonne vieille sexualité hétéro-basique,
franchouillarde et adultérine dans des plumards de
grands hôtels ou dans la garçonnière du
personnage, si, si, une garçonnière, quel summum
dans la débauche, on en reste tout pantois.
Ce livre sent l’arnaque
marketing, l’étiquette ne correspond pas au
contenu. Ce genre de racolage, pour Le Dilettante,
c’est un peu décevant, ses lecteurs étaient
habitués à mieux.
Isabelle Meursault
Date de
parution : 3
janvier 2006
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