Marjane
Satrapi - Broderies
L'association
- 2003
Profitant du succès critique et public, ainsi que de
l'accueil médiatique réservé à l'excellent série Persepolis, L'association
et Marjane
Satrapi battent le fer tant qu'il est chaud et
sortent ce Broderies
dans la foulée du Persepolis
3.
Dans
cet album, Satrapi
raconte une foule d'anecdotes qui éclairent avec énormément
d'humour de nombreux aspects de la condition féminine
en Iran.
Dans sa famille, une fois le repas terminé et les
hommes partis discuter entre eux, les femmes (mère,
grand-mère, tante, cousine, voisine,…) en profitent
pour épancher entre elles leurs sentiments et discuter
de leurs rapports avec les hommes. La grand-mère de
Marjane donne à ce moment le très joli nom de
"ventilateur du cœur".
Dans Broderies,
les femmes discutent exclusivement de mecs et de cul,
sans fioritures, crûment. C'est tout autant le mariage
forcé à l'adolescence, que le miroir aux alouettes qui
se transforme en cauchemar d'un mariage avec un iranien
vivant en Europe, que l'obligation d'être toujours
vierge au jour du mariage (et les moyens de le faire
croire si ce n'est plus le cas), ainsi que bien d'autres
choses, qui sont abordés. On y voit aussi qu'il ne
s'agit bien souvent pas seulement d'une simple
opposition hommes / femmes dans une société régie par
et pour les hommes. En effet, ce sont bien souvent les mères,
complices du système, qui forcent leurs filles aux
comportements qui nous paraissent les plus rétrogrades.
Avec toujours énormément d'humour, avec une approche
de l'intérieur qui explose nos clichés en révélant
une situation bien plus contrastée et riche que ce
qu'on pourrait croire, Satrapi rend la lecture de son album non seulement très
enrichissante mais aussi franchement passionnante.
Ceux qui critiquent Satrapi
pour ses capacités graphiques limitées ne changeront
certainement pas d'avis avec ce Broderies.
Et c'est vrai que c'est vraiment limite, mais en même
temps, on est tellement transporté par la verve du récit
que ça passe sans déboires.
A
travers Broderies
(et aussi Persepolis),
Marjane Satrapi "ventile
son cœur", pour notre plus grand plaisir.
Lecture
franchement conseillée.
Fred
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