Vehlmann et Bonhomme
- Le Marquis d'Anaon t.3
Dargaud
- 52p, 12.60€ - 2004
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Je
me tiens immobile, en retenant mon souffle, vivant parmi
les ombres de peur qu'à trop bouger, je suive les défunts
qui m'appellent et qui sombrent…
De retour à la capitale après avoir élucidé une
sombre affaire de meurtres dans un village auvergnat,
Jean-Baptiste Poulain, guide des âmes en peine mieux
connu sous le titre de Marquis d'Anaon, répond à
l'invitation d'une jeune et jolie comtesse espagnole sur
qui il a fait forte impression dans un salon huppé. En
route vers l'Andalousie, le navire sur lequel ils ont
embarqué croise bientôt la route d'une étrange épave,
La Providence. A l'intérieur, les hommes d'équipage et
Jean-Baptiste Poulain ne trouvent que des cadavres en décomposition
servant de repas aux mouettes et aux rats. Parmi ces
cadavres, il en est un qui attire particulièrement
l'attention. Découvert dans une pièce fermée de l'intérieur,
sa colonne vertébrale est mystérieusement brisée en
deux.
Peu
après cette découverte, la mort commence à faucher
les marins. Un fléau foudroyant, que certains n'hésitent
pas à attribuer au diable lui-même, entraîne les
occupants du navire au bord du chaos…
Si dans La vierge
noire, le Marquis d'Anaon parvenait à restaurer
l'harmonie au sein d'une communauté durement éprouvée,
célébrant de la sorte le triomphe de la raison issue
du siècle des Lumières sur l'obscurantisme des
croyances moyenâgeuses, tel n'est plus le cas dans cet
album. En effet, dans ce huis clos qui sert de décor à
La Providence, il n'est plus de refuge face à l'arbitraire absolu
de la maladie, qui fond sur l'équipage sans distinction
de race, d'âge et, plus important, de rang social. Sur
le navire, il n'y a plus d'échappatoire face à la
raison qui vacille et qui bascule sans rémission
possible dans la violence irrationnelle. Le constat d'échec
est sans appel pour le Marquis, qui subit les évènements
sans jamais pouvoir en altérer le cours inéluctable.
La Providence
est donc un album sombre, où le vernis des apparences
civilisées craque dans une ambiance de fond de cale
puante, renforçant la sensation de désolation qui
plane sur le récit et ses protagonistes. Mais
contrairement à ce qui se produit dans La
Providence, et pour notre plus grand plaisir, avec Fabien
Vehlmann et Mathieu Bonhomme à la barre de la série,
l'album garde le cap et rentre au port sans l'ombre
d'une avarie.
Yo
ho ho… et une bouteille de rhum !!!
Fred
Bruart
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d'Anaon t.2
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