Baudoin
& Wagner - Les yeux dans le mur
Dupuis
coll. Aire Libre - 2003
Dans
son atelier, près de la mer, un homme et une femme, un
peintre et son modèle. Dialogue sur l'art et la vie. La
jeunesse de l'une. La banlieue d'où elle vient, et
qu'elle a définitivement quittée. La maturité de
l'autre. Le peintre s'interroge : comment peindre la vie
quand on ne peut approcher la réalité que dans ses
reflets ? Et l'homme regarde son modèle, son amante,
bouger, vivre, en ayant par instants "la sensation
fugitive de s'approcher d'une réponse".
Dans
son style très particulier fait d’un trait épais et
appuyé, Edmond Baudoin revient avec un album à
la fois abstrait par certains aspects et très réaliste
par d’autres. Avec Les yeux dans le mur il
collabore, sur le scénario et le dessin, avec Céline
Wagner pour un travail finalement très libre et
emprunt de vérité. Habitué au noir et blanc, Baudoin
planche cette fois-ci sur une histoire d’intimité
entre un peintre et son modèle, sur leurs rapports
intimes, deux personnages qui s’interrogeant sur la
vie.
Situé
dans le sud méditerranéen, il émane de cette BD des
contrastes et des couleurs vives et changeantes au fil
des pages qui se tournent : on commence avec le
blanc, puis le bleu pour finir vers le rouge. Mais au-delà des couleurs, très importantes ici, Edmond
Baudoin fait une fois de plus la part belle aux
sentiments et aux émotions. Une
véritable sensualité à fleur de peau et totalement
palpable se dégagent de ses personnages, poursuivant
ainsi la réflexion commencée avec Le Portrait.
Comme
souvent, les cases sont peu nombreuses, le dessin est
sombre avec des contours noirs très marqués et les
textes se font succincts presque inexistants, car on
l’aura compris ce ne sont finalement peu les mots qui
comptent mais plus les attitudes, les émotions, les
impressions ressenties à la lecture ce cet album.
A la fois très plaisante mais
aussi très opaque Les yeux dans le mur nous fait
pénétrer dans une relation intime dans laquelle on a
parfois du mal à se faire une place tant les
personnages semblent partager quelque chose de très
abstrait et de très fort. Mais on saluera malgré tout
l’esprit très libre
de Baudoin qui montre une fois de plus une
personnalité très marquée pour un auteur qui
fait office aujourd’hui de référence en matière de
bande dessinée moderne.
Benoît
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