Le
Scaphandre et le Papillon est tirée du livre
éponyme de Jean
Dominique Bauby qui raconte son histoire après
l'accident vasculaire cérébral qui le laissa
totalement paralysé (sauf la paupière gauche)
mais conscient de tout ce qui se passait. Il décèdera
quelques jours seulement après la parution du
livre.
Julian Schnabel (spécialisé dans les biopics
après Basquiat
et Avant la
nuit) suite à une bataille juridique sur les
droits d'auteur, en tire aujourd'hui un film
magnifique et bouleversant. Pour cela il s'appuie
sur un scénario tout en nuance et pudeur qui ne
tombe jamais dans le pathos. Il est brut parfois,
avec quelques scènes assez dures (la fermeture de
l'oeil droit...) mais n'est ni voyeur ni apitoyé.
Et c'est même souvent très drôle. Jean Do
enfermé en lui même fait preuve à la fois de
beaucoup d'humour et de dérision. Cela
contrecarre aisément le propos qui aurait pu être
très lourd. Tous les acteurs sont excellents et
arrivent à rendre tous les personnages
attachants. Mathieu
Amalric, dans un rôle quasi inerte (et pour
cause !) arrive à faire passer la moindre émotion
à travers sont seul oeil gauche. Il est
formidable. Un favori pour le prix d'interprétation
à Cannes où le film représente la France en
compétition officielle.
Tous
les seconds rôles sont parfaits de justesse. Emmanuelle
Seigner, Marina
Hands et Marie-Josée Croze sont touchantes de naturelles et de pudeur mais
c'est Anne
Consigny qui apporte le petit plus de douceur
et d'humanité. Elle est rayonnante. Du côté des
acteurs on retrouve Isaach
de Bankolé, Patrick
Chesnais, Niels Arestrup entourés par deux monstres sacrés : Max
Von Sydow dans le rôle du père et Jean-Pierre
Cassel dont c'est ici l’un des derniers
films dans le rôle du curé de la paroisse
locale.
La
mise en scène de Julian
Schnabel est assez particulière. Mêlant
habilement scènes réelles, scènes oniriques et
souvenirs du passé, l'image change suivant que
l'on voit une scène sous l'angle de Jean
Dominique ou celui d'un autre personnage. Tout ce
qu'il voit lui, avec son oeil valide, seul lien
vers la vie extérieure, est toujours flou et
saccadé et toujours dans le même axe. Cela peut
déstabiliser au début mais on s'y fait sans s'en
rendre compte. Les autres scènes plus classiques,
sont plutôt lumineuses. Les plages de la mer du
Nord ont rarement été aussi bien filmées, la
photo est, à ces moments là, absolument sublime.
La musique et les morceaux choisis pour la bande
son sont parfaitement adaptés à l'ambiance. Tout
ceci nous donne un film au style plutôt novateur
avec un esthétisme bien particulier. Une certaine
poésie se dégage de l'ensemble, surtout lorsque
débute l'écriture du livre et la complicité qui
s'installe avec la jeune femme qui va l'aider à
le rédiger. Des scènes magnifiques font monter
l'intensité et l'émotion tout au long du récit
: la colère de l'orthophoniste, le rasage du père,
le premier dimanche avec les enfants...
Le
Scaphandre et le papillon est un film fort.
Sans concession, il nous parle du drame d'un homme
dans la force de l'âge, de la douleur et la
solitude qui en résulte pour lui et pour ses
proches. Le fait que cette histoire soit vraie
accentue encore l'émotion. Techniquement parfait,
merveilleusement interprété voilà un film qui
reste longtemps dans la tête après l'avoir vu.
Normal : c'est un film sur la vie.
Fred
Floch
Drame
français -1h52- Sortie le 23 mai 2007
Sélection
officielle française Cannes 2007
Site
officiel : www.lescaphandre-lefilm.com
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