cinéma

Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel

[5.0]

 

 

Le Scaphandre et le Papillon est tirée du livre éponyme de Jean Dominique Bauby qui raconte son histoire après l'accident vasculaire cérébral qui le laissa totalement paralysé (sauf la paupière gauche) mais conscient de tout ce qui se passait. Il décèdera quelques jours seulement après la parution du livre. Julian Schnabel (spécialisé dans les biopics après Basquiat et Avant la nuit) suite à une bataille juridique sur les droits d'auteur, en tire aujourd'hui un film magnifique et bouleversant. Pour cela il s'appuie sur un scénario tout en nuance et pudeur qui ne tombe jamais dans le pathos. Il est brut parfois, avec quelques scènes assez dures (la fermeture de l'oeil droit...) mais n'est ni voyeur ni apitoyé. Et c'est même souvent très drôle. Jean Do enfermé en lui même fait preuve à la fois de beaucoup d'humour et de dérision. Cela contrecarre aisément le propos qui aurait pu être très lourd. Tous les acteurs sont excellents et arrivent à rendre tous les personnages attachants. Mathieu Amalric, dans un rôle quasi inerte (et pour cause !) arrive à faire passer la moindre émotion à travers sont seul oeil gauche. Il est formidable. Un favori pour le prix d'interprétation à Cannes où le film représente la France en compétition officielle.

 

Tous les seconds rôles sont parfaits de justesse. Emmanuelle Seigner, Marina Hands et Marie-Josée Croze sont touchantes de naturelles et de pudeur mais c'est Anne Consigny qui apporte le petit plus de douceur et d'humanité. Elle est rayonnante. Du côté des acteurs on retrouve Isaach de Bankolé, Patrick Chesnais, Niels Arestrup entourés par deux monstres sacrés : Max Von Sydow dans le rôle du père et Jean-Pierre Cassel dont c'est ici l’un des derniers films dans le rôle du curé de la paroisse locale.

 

La mise en scène de Julian Schnabel est assez particulière. Mêlant habilement scènes réelles, scènes oniriques et souvenirs du passé, l'image change suivant que l'on voit une scène sous l'angle de Jean Dominique ou celui d'un autre personnage. Tout ce qu'il voit lui, avec son oeil valide, seul lien vers la vie extérieure, est toujours flou et saccadé et toujours dans le même axe. Cela peut déstabiliser au début mais on s'y fait sans s'en rendre compte. Les autres scènes plus classiques, sont plutôt lumineuses. Les plages de la mer du Nord ont rarement été aussi bien filmées, la photo est, à ces moments là, absolument sublime. La musique et les morceaux choisis pour la bande son sont parfaitement adaptés à l'ambiance. Tout ceci nous donne un film au style plutôt novateur avec un esthétisme bien particulier. Une certaine poésie se dégage de l'ensemble, surtout lorsque débute l'écriture du livre et la complicité qui s'installe avec la jeune femme qui va l'aider à le rédiger. Des scènes magnifiques font monter l'intensité et l'émotion tout au long du récit : la colère de l'orthophoniste, le rasage du père, le premier dimanche avec les enfants...

 

Le Scaphandre et le papillon est un film fort. Sans concession, il nous parle du drame d'un homme dans la force de l'âge, de la douleur et la solitude qui en résulte pour lui et pour ses proches. Le fait que cette histoire soit vraie accentue encore l'émotion. Techniquement parfait, merveilleusement interprété voilà un film qui reste longtemps dans la tête après l'avoir vu. Normal : c'est un film sur la vie.

 

Fred Floch

 

Drame français -1h52- Sortie le 23 mai 2007

Sélection officielle française Cannes 2007

 

Site officiel : www.lescaphandre-lefilm.com