Qui
est George Lucas, à part le réalisateur
paresseux de la Saga Star Wars ? Un
Businessman. Un producteur. Un homme qui a su
exploiter le consumérisme des fans de guerres,
d’étoiles, et de robots, pour en tirer
aujourd’hui une fortune conséquente. Mon
portrait sévère est alimenté par la déception
de voir la veulerie contaminer le jeune George,
auteur d’un film ambitieux et intègre à
l’aune des décadentes seventies. Ca tombe bien,
il ressort aujourd’hui, dans une version
Director’s cut, agrémentés de nouvelle scènes
en synthèse 3D. Dernières roublardises de
« barbe-blanche, coupable de manœuvres
identiques lors de la ressortie des premiers Stars
Wars à la fin de 90’s.
Quid
de THX 1138 ? Ce film de science Fiction fleure bon les années 60
ou 70 et les craintes de la société de contrôle
(Alphaville/Godard, 2001
l’odyssée de l’espace/Kubrick, Le
Soleil Vert/Fleischer) mais déjà très présente
dans la littérature : 1984
ou la matrice souveraine des films de sciences
fictions postérieurs au livre de Georges Orwell.
L’autre Georges, jeune cinéaste, signe ainsi
une œuvre d’anticipation sur la déshumanisation
d’une société où le corps semble s’effacer
dans la blancheur clinique d’un monde souterrain
aseptisé, rigide et sans issue. THX 1138 est un
code identifiant un individu. Joué par Robert
Duvall (rasé, ressemblant au De Niro de Taxi
Driver !), ce personnage aliéné assemble
les pièces de robots, destiné (ironiquement) à
devenir les répresseurs de l’ordre moral. Mais,
perdant le contrôle, il cause un incident sur la
chaîne de production. Déjà surveillé pour ses
transgressions sexuelles, il est alors envoyé en
prison. De là, il tente de s’échapper pour
retrouver son amour répondant au doux nom de LUH
3417.
Synopsis
classique de Science Fiction, le film ravive les
grands thèmes du genre : aliénation,
surveillance, déshumanisation, fascisme. Ce
n’est donc pas tant l’histoire qu’il faut
mettre en avant, histoire qu’il déclinera dans
l’univers de Star
Wars, mais l’ambition d’un premier long métrage
à la mise en scène éprouvante mais audacieuse.
Le
film s’appuie sur l’idée d’un retour à la
Nature, à l’organique. Seule issue au fluide
vital, pour sortir les individus d’une torpeur dépigmentée.
Les premiers spasmes de révoltes de THX se
traduisent par la déréglementation sociale de
son corps : ne se soumettant plus aux différentes
drogues assommantes, il se délivre du mal en
jouissant du corps de sa femme. Les confessionnels
n’y pourront rien, l’icône de Jésus verra
son pécheur possédé par les pulsions naturelles
de sa chair. Les yeux révulsés de THX défieront
une dernière fois l’ordre établi, et il sera,
de suite, enfermé. C’est de cet endroit que le
désir de fuir et de retrouver son humanité
originelle vient ébranler le personnage.
La
mise en scène de G. Lucas renverse la symbolique
usuel de la pureté religieuse du blanc. La
couleur absolue habite le film d’une présence
angoissante, dangereuse. Agressive pour le
spectateur du cinéma, ébloui par cette luminosité
aveuglante, elle obscurcit les perspectives des
individus. Aucun champ d’action possible en
dehors du travail à la chaîne, et d’un
quotidien claustrophobe. Et lorsque les
personnages sont emprisonnés, ceux-ci sont
condamnés à un îlot de coussin dans un désert
blanc. Ecrasés par la blancheur psychiatrique du
lieu, ils ne voient plus la sortie, même lorsque
celle-ci est très proche.
Un
hologramme devenu humain leur montrera la voie,
car lui sait déjà qu’il faut reconquérir la
chair pour espérer la liberté. Ces trois
personnages arriveront à s’échapper par les
circonvolutions organiques qui viennent se greffer
à ce monde figé sous la chaux glacée. Toutes
les veines de la circulation viennent profiter à
ces fugueurs comme le signe d’une vitalité
reconquise : les couloirs, les égouts, les
routes, les métros se multiplient dans un univers
qui se tâche de la saleté du corps, salvatrice.
Bien sur, ces conduits servent d’échappatoires
à ces hommes, mais symbolisent par là même le
retour à la Nature, à la lumière pourpre du
soleil.
Et,
on constate avec étonnement, que le nouvelles
images de synthèses crées pour le Director’s
cut viennent consolider cette chair : singes,
ou circulation, renforcent l’organicité
marginale de cette société. La matière vitale
est ici paradoxalement numérique !
THX
1138 développe les thèmes classiques du genre,
mais avec une audace de mise en scène qui nous
manque aujourd’hui lorsqu’on regarde les Star
Wars. Son film de 1971 dénonçait les travers
d’une société qui s’abandonnait au consumérisme.
Quelques années plus tard, George Lucas
s’engraissait royalement sur les ventes
astronomiques de produits dérivés de l’univers
de la guerre des étoiles. Aigri par l’échec de
son premier film, George Lucas s’est peu à peu
vendu au divertissement, devenant l’icône bien
malgré lui, de l’exploitation outrancière de
sa réussite. Car il faut bien reconnaître les
vertus de ses trilogies, mais au vu de son premier
film de Science Fiction, il est difficile de
s’imaginer une quelconque filiation stylistique.
Maxime
Cazin
Science
Fiction – 1 h 28 – Sortie le 13 Juin 2007
Avec
Robet Duvall, Donald Pleasance, Maggie McOmie
Plus+
www.thx1138movie.com
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