On
l’avoue. Ni la
biographie de Luka Philipsen, ni la
dispartition, ni not going
anywhere pas plus que la récréation ou le précédent
Nolita
n’avaient jusque là réussi à nous rallier à la
cause de la plus française des Bataves : Keren Ann Zeidel. Est-ce un jugement hâtif d’y avoir trouvé
jusque là une forme de froideur mêlée de simplicité
nue, qui ne nous engageaient pas vraiment à retourner
voir souvent de quoi il retournait dans le petit monde
de Keren. On
ne sait pas vraiment. Toujours est-il qu’on ne
comptait pas vraiment un disque de Keren Ann
parmi notre panthéon personnel, malgré le buzz, la
hype et la collaboration sur-médiatisée avec Benjamin
Biolay.
Notre
jugement est en passe de changer, cette année, avec la
sortie du sobrement éponyme nouvel album. Miss Zeidel ouvre sa trentaine avec un disque entièrement en
anglais, idiome auquel elle nous avait déjà précédemment
préparé, certes. Dans ce disque ouaté, à l’instar
de la photo pochette un peu « blurrée »,
que d’autres chroniqueurs ont glosé avant nous,
l’album oscille entre sensations et sentiment, fuite
et sédentarisation, blues et rock, rock et folk.
Au
fil des 9 titres emballés en moins de quarante cinq
minutes (selon le bréviaire du rock de l’époque du
vinyle) elle emmène l’auditeur dans son petit monde
un peu brisé, un peu vaporeux. Elle y conquiert votre
serviteur à force de jeu de guitrare rock simple,
efficace ; dans la grande tradition des artistes féminines
contemporaines. Elle place son opus sur une ligne qui
irait de l’éthérée Chan
Marshall (qu’on agite un peu facilement en épouvantail,
dès qu’on veut comparer une chanteuse folk à une
autres, mea culpa) à la couillue PJ
Harvey qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher
de Lay your head
down première vitrine d’un disque qui se vend
au-delà des espérances de la maison de disques et de It
ain't no crime seul mais efficace morceau lancé
toute voile d’énergie dehors.
Keren Ann soigne au maximum les arrangements et appuis de son nouvel
album : violoncelle, harmonica, flûte, violon
semblent se frayer un chemin dans chacun des titres.
Jamais impertinents, toujours usités avec pertinence.
Ces arrangements, ainsi que le rythme global imprimé au
disque, sont les artisans de la bonne surprise pour
l’auditeur. Le disque tient de manière unitaire, les
morceaux grandissent en beauté et en intensité. Comble
de la réussite pour votre bougon chroniqueur, on a
envie d’y revenir souvent, tant les singles sont
addictifs, charmeurs et bien troussés. On y retrouve
toute la beauté de ses précédentes créations, mais
une belle dose de séduction et de rouerie en plus. Tout
n’est pas dans les atours dont se pare ce nouvel
essai, mais dans la manière où, ainsi parée et apprêtée,
la chanteuse s’affirme tant sur le plan de l’écriture
que sur celui de l’impact sur le public.
Une
vraie belle réussite toute emprunte d’évidence, de
tradition et d’efficacité. Et c’est du côté de
Lou Reed
qu’on a envie d’aller chercher la référence esthétique.
Il y a quelque chose de post velvetien
dans l’évidence musicale de ce nouvel album. Et une
belle dose de charme féminin tout contemporain.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
It's All A Lie
02.
Lay Your Head Down
03.
In
Your Back
04.
The Harder Ships Of The World
05.
It Ain't No Crime
06.
Where No Endings End
07.
Between The Flatland And The
Caspian Sea
08.
Liberty
09.
Caspia
Durée :
40 minutes
Date
de sortie : 23/04/2007
Plus+
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Myspace
Le
site non officiel
Keren
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Keren
Ann sur Dailymotion
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