A
l’heure du développement durable et de la lutte
contre le réchauffement de la planète, la découverte
de Cloud Cult est peut-être plus qu’un simple
hasard.
Voilà
donc un groupe, formé à Minneapolis aux Etats-Unis en
2001, dont une grande partie de la vie est régi par
l’écologie. Activistes protecteurs de
l’environnement, leurs activités musicales sont
toutes non-polluantes, du packaging de leurs albums (en
papier recyclé) à leur studio d’enregistrement (dans
le sous-sol de la maison du leader du groupe – Craig
Minowa et de sa femme, membre de Cloud Cult
également – écologiquement pensé) en passant par
les concerts et autres tournées. Un vrai sacerdoce.
Mais
au-delà de cet aspect un peu sectaire, Cloud Cult
est une révélation en 2007. Et pour deux raisons. La
première est éthique : connaissant une certaine
notoriété aux Etats-Unis (des shows à New-York
sold-out, ce genre de choses), ils ont toujours refusé
de signer sur une grosse structure, rendant les sorties
de leurs disques plus confidentielles qu’elles ne
devraient l’être. Et ils n’ont, jusqu’à présent,
jamais dérogés à leur ligne de conduite.
La
seconde raison est évidemment musicale. Cloud Cult
est une révélation qui semble réduire, en moins de
notes qu’il ne faut pour le dire, toutes les autres
sorties discographiques de l’année à de vulgaires
disques d’appoints. Car ce Meaning of 8 est un
grand album. Le genre de ceux dont on ne se remet pas
facilement.
Et
pourtant, il avait tout pour déplaire : une
pochette hideuse (une constance chez le groupe), une
vingtaine de titres, plus d’une heure de musique. Et
finalement… tout tient la route, celle d’une pop
alambiquée et baroque qui n’hésite pas à aller
flirter avec des bas-côtés lo-fi, electro ou beaucoup
plus nerveux.
Les
morceaux ont des constructions qui n’arrêtent pas de
changer, d’évoluer, de se contredire, des idées et
des mélodies en contre-balancant d’autres. Comme si
le groupe n’aimait pas la simplicité et la facilité.
Et tentait de repousser encore un peu plus les limites
du monde de la pop music. Et le plus invraisemblable
dans tout cela, c’est que tout est fait dans une cohérence
folle.
On
pense ici à Islands, à Anathallo aussi,
bref tous ces groupes qui mènent une pop débridée et
décomplexée. Des chœurs, des violons, des xylophones,
des petits riens (ce souffle électronique répétitif
sur Dance For The Dead) qui font des grands
morceaux.
Comme
si tous ces ingrédients ne suffisaient pas à faire de
ce disque un chef d’œuvre (et de ce groupe une entité
majeure de la musique actuelle), la vie en rajoute une
couche. Histoire de.
A
l’instar de leurs cousins Canadiens d’Arcade Fire
et de leur premier album Funeral marqué par
le décès de nombreux membres des familles Butler et
Chassagne, la mort plane tout au long de ce Meaning
of 8. On y ressent tristesse, effondrement, perte de
soi (cette voix tremblotante par moment).
Parent
d’un jeune garçon décédé en 2002 à l’âge de
deux ans, le couple Minowa ne s’en est réellement
jamais remis. Et cela transpire dans l’écriture de Craig
qui pond des titres à fleur de peau, se servant de son
art comme thérapie.
De
Take Your Medecine (un titre parodiant les médecins
qui voulaient le bourrer de médocs à la mort de son
fils) à Song For The Deaf Girl (1’28 de
silence) en passant par un Dance For The Dead
bouleversant, tout y passe : la peur du vide, les
lendemains pleins de tristesse infinie, l’espoir, la
religion. Avec une pudeur, un tact et une vérité qui
nous donnerait les larmes aux yeux.
Chef
d’œuvre parmi les très grands disques, The
Meaning of 8 (8, comme le nombre de rayons qui
composent la roue de la vie, ça ne s’invente pas) est
un concentré de vie, de mort, de moments baroques et
d’autres plus intimistes. Bref de musique comme on
l’aime. Intègre, touche à tout de génie (oui, le
mot n’est pas trop fort), Craig Minowa sort son
grand œuvre. Pour les raisons évoquées plus haut, ils
ne donneront sans doute jamais de concert en Europe. Et
ce disque ne sortira sûrement jamais en France. Mais il
finira en haut, tout en haut des tops de fin d’année.
Voire même plus haut encore.
Olivier
Combes
Tracklist:
01.
Chain Reaction
02.
Please Remain Calm
03.
Chemicals Collide
04.
Pretty Voice
05.
Brain Gateway
06.
Take
Your Medicine
07.
Your 8th Birthday
08.
Dance of the Dead
09.
Everywhere All at One Time
10.
Purpose
11.
A Good God
12.
Shape of 8
13.
The Girl Underground
14.
2x2x2
15.
Thanks
16.
Alien Christ
17.
The Deaf Girl's Song
18.
Hope
19.
Song Of The Deaf Girl
Sortie le :
10
avril 2007
Durée :
64’15’’
Plus :
www.myspace.com/cloudcult
www.cloudcult.com
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