Dictaphone
- m.=addiction
City
Centre Offices/La Baleine - 2002
Difficile souvent de définir la
musique d’un groupe, de la classer dans un genre précis
afin que votre interlocuteur puisse imaginer ce quelle
peut être. Et lorsqu’il s’agit de la musique d’un
groupe comme Dictaphone, il plutôt préférable
de prêter le cd à l’ami en question pour qu’il
laisse ses oreilles seules juges de la particularité et
de la singularité de cet album étrangement intitulé m.=addiction.
Marchant sur les plates-bandes du label
électronica allemand Morr Music, City centre
Office (lui aussi allemand, basé à Berlin) commence
à se faire connaître tout doucement sur la scène
electronica avec des productions discrètes et sensibles
signées Opiate ou Christian Kleine. Mais Dictaphone
avec ce premier album, en tout point superbe, renvoie
ses comparses au vestiaire tant la musique de ce duo se
situe nettement un cran au-dessus de la production
electronica ambiant en provenance d’Allemagne. Très
différente de celle d’un Boards of Canada, la
musique de Dictaphone se veut plus intimiste et
quasi micro-organique. Sur une base glitch assez
discrète viennent s’ajouter quelques instruments
aussi divers que bien sentis (saxophone, clarinette,
quelques percussions...) un peu
à la manière de The Remote Viewer mais
avec un accent franchement plus jazz sur certaines
compositions telles que the e.song par exemple.
Agrémentée, par moment, d’un
chant féminin feutré et de quelques bruits aussi
divers qu’une bande magnétique passée à l’envers,
des cris d’enfants dans une piscine (très en vogue
chez les formations du genre) ou de samples dispersées,
la musique de Dictaphone, au lieu d’être
simplement expérimentale, s’avère finalement chaude
et savoureuse, dégageant des ambiances et des
sentiments des plus variés, bien au-delà de la simple
mélancolie.
Tout en étant minimaliste à souhait, m.=addiction
n’en est pourtant jamais pénible, sans doute du
fait que chaque composition offre un panorama différent
avec une construction originale qui ne se répète pas
de titre en titre comme il arrive souvent dans ce style
de musique ; l’apport d’instruments, des
morceaux courts et l’aspect jazz de l’ensemble y
sont sans doute pour beaucoup.
Quoi qu’il en soit ce m.=addiction s’avère
être la meilleure surprise en matière de musique électronique
pour la fin de l’année 2002. Un essai concluant pour
un label qui peut voir l’avenir sous de bons auspices
si les disques à venir sont du même tonneau que cette
petite merveille.
Benoît
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