Portrait
: John
Irving
John IRVING est né en 1942 à Exeter
(New Hampshire). Il est surtout connu pour Le monde
selon Garp paru en 1980, grâce à son adaptation
cinématographique (je n'ai pas vu le film, je n'aime
pas voir les films dont j'ai lu le livre...). C'est vrai
que le livre est un chef-d'œuvre, au même titre que
L'œuvre de Dieu, la part du Diable publié en
1986 (qui a également connu une adaptation cinématographique
à faible succès), L'hôtel New Hampshire paru
en 1982, Une prière pour Owen sorti en 1989 et Une
veuve de papier en 1999.
Les autres titres sont pour les inconditionnels de John
Irving car moins aboutis que ceux cités précédemment
:
"Liberté pour les ours ! ", son premier roman écrit
en 1968 ;
"Un mariage poids moyen" paru en 1984 ;
"L'épopée du buveur d'eau" paru en 1988 ;
"Les rêves des autres" paru en 1993 ;
"Un enfant de la balle" paru en 1995 ;
"La petite amie imaginaire" (comme ce titre me va
bien...) paru en 1996.
Chaque fois que j'ouvre ces livres et que j'en lis les
premières lignes, je suis émue.
Ses décors favoris : la Nouvelle-Angleterre (où il est né)
et le Canada où il vit, l'Autriche où il a séjourné,
l'Inde, les hôtels, les gymnases, les écoles, le monde
du cirque. Il constitue une atmosphère souvent
originale, voire insolite, à l'image de son histoire et
de ses personnages principaux et secondaires. Ses
personnages sont extrêmes, presque caricaturaux, et en
même temps si réels... Ils nous ressemblent avec leurs
soucis, leurs bizarreries. Dans la vie réelle, on doit
se fondre dans le monde social, on s'uniformiser ; pas
question de sortir du rang au risque de passer pour un
original. Dans un livre, on peut faire vivre chaque
personnalité, et John Irving. ne manque pas de le
faire.
On rencontre aussi dans ses romans des animaux aux rôles
grotesques : ours, pigeons, vautours, chiens, lions,
nous rappellent le caractère animal et primaire de
notre vie d'homme.
Ses grandes questions, celles qui font la base de ses
romans, portent sur : la cellule familiale, l’évolution
de l'homme à travers les âges de la vie, le sexe,
Dieu, les blessures du corps et de l'âme.
Le cocon familial est une préoccupation majeure chez John
Irving, un monde que l'on veut préserver à tout prix,
une pièce capitonnée. Pourtant, il est aussi une
source d'angoisse parce qu'il y a les autres, parce que
les êtres vont vieillir et évoluer, parce que les
liens qui les unissent sont à la fois forts et ténus.
Le sexe y est souvent perçu comme une souffrance. Si le
rapport est désiré, amoureux, il est source d'angoisse
émotive. Sera-t-il possible de préserver celle ou
celui qu'on aime ? Arrivera-t-on à entretenir le désir
ou à y résister ?
Les rapports sexuels sont aussi assez souvent source de
violence dans l'œuvre de John Irving , ou perçus comme
sales, ou simplement mécaniques et reproducteurs. Mais
ces actes simplement mécaniques et reproducteurs ont
une influence considérable sur la vie de ses
personnages : grossesse désirée ou non, avortement,
MST, perte de virginité en sont les conséquences
directes, mais indirectement, il y a les âmes.
Croire ou ne pas croire en Dieu ? C'est un peu comme être
ou ne pas être. Dans chacun de nous, il y a une
proportion plus ou moins grande entre ces deux
alternatives. N'y a-t-il pas toujours au moins une
infime parcelle de nous qui a envie d'y croire ?
Le handicap et les traumatismes corporels reviennent fréquemment
dans ses romans, peut-être à cause des nombreuses
blessures qu'il a subit en tant que lutteur. Personnages
borgnes, nains, travestis émasculés, dont le pénis a
été coupé, héros mutilés de guerre,...
Mais toutes ces questions rassemblent une seule et même préoccupation
: l'angoisse de la vie, parfois belle, parfois horrible,
et toujours fuyante.
Ses
livres ne sont pas faciles au premier abord (rassurez
vous, inutile de vous munir du dictionnaire). Il faut
100 à 200 pages pour se prendre au jeu, mais plus on
avance, plus on s'attache aux personnages et à leurs préoccupations,
les préoccupations d'un homme du 20ème siècle qui ne
sont autres que celles de l'auteur sur la vie.
Le monde selon John Irving, c'est notre monde, ce sont nos
questions, nos émotions sur la vie.
ATTENTION ! Ces livres laissent des traces...
Son dernier
livre, paru en France en 2002, s'intitule "La
quatrième main". Je ne l'ai pas encore lu, mais ça
ne saurait tarder.
Sylvie
E.
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