La
particularité de Marica est d'être laide, mais
vraiment laide. Elle le sait, et pourtant elle
s'imagine être jolie. Surtout quand elle suscite le
désir d'un homme, comme Joachim. Mais là, c'est
plus compliqué. Car avant de rencontrer le
photographe, Marica est littéralement obsédée par
le sexe et le désir des autres, essentiellement les
jeunes hommes, étudiants de la Sorbonne ou joueurs
de tennis. Sa cause est perdue, elle le sait. Aussi
elle répond à l'annonce insolite de devenir modèle
pour des photographies à caractère atypique. Car
Joachim s'intéresse au laid, au moche, aux
monstruosités derrière les façades humaines. Il
photographie, dessine, peint et écrit ! Joachim abhorre
Marica, du moins ce qu'elle représente. Et pourtant
il la désire, c'est sans doute ce qui lui paraît détestable
et honteux de sa part. Être attiré par l'ignominie
!
Bref, ce
deuxième roman d'Anne Sophie Brasme
est dérangeant, suffocant et ambivalent.
Je dois avouer n'avoir pas été complètement
emballée. Par moments j'ai peiné, trouvé louche
cette relation entre le photographe et son modèle.
Les deux partis sont détestables, mais j'éprouve
une sympathie pour la Marica du début - cynique et
faussement légère, consciente de sa difformité,
mais revendiquant le même droit à l'amour que les
autres ! Après tout, si Joachim couche avec elle,
ça veut bien dire quelque chose ? Non ! Les
rapports entre eux deux deviennent lourds, pesants
et poisseux. Chacun, finalement, a honte. D'être
moche, de prétendre être différent, d'aimer l'hors-norme,
d'être affamé d'un amour charnel, non plus
sentimental... bref ça devient une spirale
angoissante et délirante ! Et même un peu malsain.
Les desseins sont obscurs et inquiétants, déplacés
aussi. Aussi bien l'homme ou la femme sont pris dans
cette aliénation ! Pour conclure, tout ça pour
dire que j'ai "péniblement aimé". Il y a
de belles réflexions, de la perversité et des
rouages insensés, pourtant le texte est lourd. J'en
reviens au souvenir mitigé du premier livre d'Anne-Sophie
Brasme, Respire, que j'avais
moyennement prisé. Le carnaval des monstres
ne laissera pas indifférent, moi je passe la
main...
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 17
août 2005
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