En
janvier 1960, Marilyn entre pour la première fois
dans le cabinet du Dr Ralph Greenson, c'est son
quatrième analyste, l'actrice est dans un état
psychique et physique délabré... La relation qui
va s'établir entre Marilyn et Greenson va prendre
un tour ambigu, complexe et trouble... une étrange
relation de dépendance mutuelle, une liaison
amoureuse sans sexe, une addiction réciproque... "Greenson
et Marilyn étaient attachés par l'amour et la
mort, mais ils n'avaient pas fait l'amour. Il leur
restait à faire la mort. Ensemble ou chacun pour
soi.". Greenson a été la dernière
personne à l'avoir vue vivante et la première à
l'avoir trouvée morte. Pourra-t-on jamais expliquer
les événements étranges de la nuit du 4 au 5 août
1962, où Marilyn Monroe a trouvé la mort ? Non,
jamais. Et d'ailleurs le livre de Michel Schneider
n'est pas un énième ouvrage pour découvrir qui a
tué Marilyn, mais pourquoi est-elle morte.
Le livre de Schneider, aussi
bizarre que cela puisse paraître, est en fait un
roman. Les personnages et les faits sont réels, les
propos reproduits avec la plus stricte exactitude,
et pourtant Schneider a pris le parti d'en faire
"un roman". Belle idée, l'auteur a décidé
d'écrire un roman sur la blonde et le
psychanalyste, sur les trente mois de leurs
rapports, et sur les fameuses dernières séances de
Marilyn, avec play / rewind sur les cassettes
enregistrées...
"Au fil du temps, l'espace qui séparait
Greenson et Marilyn ne s'était pas comblé, mais il
s'était en quelque sorte inversé. Ils avaient échangé
leurs idéaux et chacun avait pris le symptôme de
l'autre. L'analyste s'était laissé prendre dans
une fascination croissante pour les films et pour sa
propre image. Il évitait les patients et les
colloques et passait son temps dans les couloirs de
la 20th Century Fox. Marilyn parlait plus, et quand
elle avait un interlocuteur à qui se fier, elle
trouvait ses mots. Les images lui faisaient
peur."
Schneider a su me réconcilier avec
l'image de Marilyn, entre les livres où on accuse
trop et ceux où on ne dit pas assez, j'avoue m'être
perdue dans des tonnes de considérations... bien
souvent superflues. Le livre de Michel
Schneider rend l'image d'un être mi-ange,
mi-démon vis-à-vis de laquelle je ne suis pas fâchée.
Il y a une grande intelligence dans le portrait
dessiné des névroses de Marilyn et une grande
objectivité dans la psychanalyse. Marilyn y
croyait, fervente admiratrice de l'école
freudienne, et pourtant Marilyn appartenait au monde
de pacotilles qu'était Hollywood. Elle n'était pas
la seule à être victime de ces deux systèmes
parasités, on le découvre en lisant ce livre...
C'est un "roman" riche, palpitant et
lucide. Sans concessions, la réalité crue et sincère,
oui il y a beaucoup d'honnêteté dans cette "Marilyn"
et j'ai apprécié ce tableau, avec sa tendresse, sa
voix, ses amitiés, ses amours et ses colères, ses
trahisons et ses bêtises, ses courses vers le sexe,
son besoin d'images... Il y a tout ça, en vrac :
530 pages de lecture lumineuse sur un sujet opaque
et épineux.
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 30/08/2006
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